Déclaration de Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, au début de la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos.

ÉFAI -
26 janvier 2011

Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, a engagé, mercredi 26 janvier, les grands patrons réunis pour l’ouverture de la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos à saisir l’occasion qui leur est donnée d’aborder la question de l’impact potentiel de leurs activités commerciales sur les droits humains.

«  Dans notre monde de plus en plus globalisé, on voit qu’un nombre croissant de groupes transnationaux puissants tirent profit de systèmes de règlementation surannés.

Le système actuel s’avère très favorable aux entreprises. Il n’est pas conçu pour leur faire respecter des règles de bonne conduite ni pour faire face à l’évolution inhérente à l’économie mondiale. Ceux qui barrent la voie au développement sont perçus, au mieux, comme une nuisance, au pire, comme une menace.

De nos jours, nous comptons trop sur les entreprises disposées à coopérer et ne nous penchons guère sur les nombreuses autres qui sont obnubilées par les profits. Pour assister à un réel changement, il faut substituer aux normes librement consenties des normes contraignantes – c’est fondamental.

Davos nous donne l’occasion d’opérer cette transition. Ce forum offre la chance de repenser la manière dont on mesure le succès et de souscrire à de nouvelles règles qui ne prennent pas seulement en compte les profits, mais aussi les hommes et les femmes.

Le véritable test pour les dirigeants réunis à Davos consiste à déterminer s’ils sont disposés à s’engager et à renforcer leur adhésion à leurs propres objectifs partagés, afin de contribuer à soulager la souffrance d’un très grand nombre de personnes.

On ignore si nombre de nos entrepreneurs ont pleinement conscience de l’impact que peuvent avoir leurs activités sur les droits humains, eux qui semblent préférer les mesures « recommandées » ou « encouragées » aux mesures « contraignantes ».

Davos doit inscrire parmi les normes partagées l’obligation pour les entreprises de veiller à ce que leurs activités ne piétinent pas les droits fondamentaux. Une autre de ces normes doit prévoir que les entreprises soient tenues de rendre des comptes si elles bafouent ces droits. Les encourager à bien faire est très loin d’être suffisant. Les normes de base doivent être appliquées. Sans véritable changement, ni réel engagement, il faut s’attendre à une montée des tensions, des souffrances et des crises.

Faisons du sommet de Davos l’amorce d’un véritable tournant constructif dans notre conception de ce qui est important. »

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