Des attaques visent des militants au Kurdistan irakien

Les autorités du Kurdistan irakien doivent immédiatement ouvrir une enquête indépendante sur les attaques visant des personnes liées aux manifestations en faveur de la réforme, a déclaré Amnesty International mercredi 29 juin 2011, après qu’un avocat spécialiste des droits humains a été blessé par balle.


Karwan Kamal
, un avocat défendant les manifestants dans la ville de Sulaimaniya, a été directement touché et deux autres personnes ont été blessées lorsqu’un homme armé a tiré sur eux dimanche 26 juin dans la soirée.


« Il existe des raisons sérieuses de penser que Karwan Kamal a été pris pour cible à cause de son travail de défense des manifestants en faveur de la réforme
, a souligné Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les autorités kurdes doivent mener une enquête impartiale et exhaustive sur cette fusillade et traduire en justice ses responsables présumés. Les attaques visant des défenseurs des droits humains ne doivent pas être tolérées. »

Karwan Kamal venait de quitter un restaurant avec un ami et récupérait sa voiture dans un parking situé à proximité vers 23 h 30 quand la fusillade a eu lieu. Un homme armé en tenue traditionnelle kurde a tiré cinq balles à bout portant, dont l’une a touché l’avocat à la jambe gauche ; celui-ci a été transporté en urgence à l’hôpital.

Son ami et un employé du parking ont été blessés par des éclats de projectile, tandis qu’une autre des balles a heurté un mur de béton.

Selon certaines sources, une autre personne attendait dans une voiture et a alors aidé l’agresseur à prendre la fuite après avoir tiré.

Karwan Kamal a indiqué à Amnesty International qu’il n’avait pas été menacé avant cette attaque, mais qu’il savait que d’autres personnes avaient reçu des menaces anonymes parce qu’elles soutenaient les participants aux manifestations au cours des mois précédents.

Des manifestations quotidiennes ont commencé le 17 février, lorsque des milliers de manifestants se sont mis à descendre dans la rue à Sulaimaniya et dans d’autres villes kurdes pour réclamer des réformes, notamment politiques, et la fin de la corruption au sein du gouvernement.

Une dizaine de personnes auraient été tuées et beaucoup d’autres blessées. Les forces de sécurité ont eu recours à une force excessive contre les manifestants – elles ont notamment tiré sur certains d’entre eux – et deux membres des forces de sécurité ont également trouvé la mort.

Une commission mise en place à la demande du Parlement kurde pour enquêter sur ces événements a appelé les autorités à « poursuivre tant les civils que les membres des forces de sécurité identifiés à l’issue de l’enquête comme responsables des violences ».

Ces manifestations, inspirées par les mouvements de protestation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, se sont terminées brusquement le 19 avril à la suite d’une brutale répression par les forces de sécurité. Depuis, les autorités empêchent toute manifestation en faveur de la réforme.

De nombreux manifestants présumés ont été arrêtés. Certains auraient été torturés en détention.

L’un des meneurs des manifestations, Ismail Abdulla, âgé de 28 ans, aurait été enlevé et torturé à la fin du mois de mai.

Un groupe d’hommes armés portant des uniformes de l’armée kurde et des passe-montagnes pour cacher leur visage l’ont enlevé et conduit dans un lieu isolé, où ils l’ont battu, blessé avec des couteaux et menacé de mort s’il participait à d’autres manifestations.

« Les autorités doivent mettre fin à ces attaques visant des militants politiques et des défenseurs des droits humains et rétablir le droit de manifester pacifiquement, a ajouté Malcolm Smart.

« La population du Kurdistan irakien doit être autorisée à exercer son droit légitime à la liberté d’expression et de réunion sans crainte pour sa sécurité. »

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