Des familles roms victimes d’expulsions forcées à Belgrade

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI - Index AI : PRE 01/335/2010

7 octobre 2010

Amnesty International exhorte les autorités de Belgrade à mettre fin aux expulsions forcées, alors que des familles roms, dont 17 enfants et une femme enceinte, ont été expulsées de leur foyer.

Ces 36 personnes ont été expulsées de force de leur habitation située au 15 rue Vojvodjanska, où la plupart d’entre elles vivaient depuis 2003, date à laquelle elles avaient déjà été expulsées d’un autre site de Belgrade.

« Ces personnes sont expulsées de force de chez elles pour la deuxième fois en moins de 10 ans et elles ne savent pas où aller » , a déploré David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Il semble que les autorités de Belgrade prévoient de démanteler tous les campements informels de roms de la capitale, mais elles n’ont pas réellement de projet – autre que de les mettre à la rue – pour ces communautés. »

Amnesty International a appris que cette opération d’expulsion visait à permettre la construction d’une nouvelle route et d’une résidence.

« Les autorités de la ville de Belgrade n’ont proposé aux familles concernées aucune solution de relogement ni aucune aide. Elles ne les ont pas consultées au sujet d’autres options que l’expulsion. Aucune assistance juridique ne leur a été proposée en vue de contester leur expulsion. Ces violations des droits humains ont des conséquences graves et immédiates sur ces familles, qui se retrouvent désormais à la rue », a expliqué David Diaz-Joqeix.

Des représentants des autorités municipales, accompagnés par la police, sont arrivés au campement jeudi 7 octobre 2010 à 11 heures du matin pour exécuter l’arrêté d’expulsion. Les maisons ont été démolies vers 13h30, et ce malgré la présence sur le site de représentants du ministère des Droits humains et des Minorités.

Lepa, mère de trois enfants et enceinte du quatrième, a raconté à Amnesty International : « Je n’ai nulle part où aller. Je suis allée à la mairie la semaine dernière pour demander de l’aide, un abri quelconque pour mettre mes enfants en sécurité, mais personne n’a accepté de me parler. Que dois-je faire maintenant ? »

Les autorités de la municipalité de Belgrade ont émis un premier avis d’expulsion visant les habitants du campement le 24 août, leur laissant une journée pour vider les lieux. Cette décision avait été provisoirement suspendue ; des organisations locales de la société civile avaient en effet protesté et tenté d’empêcher l’expulsion.

Le 28 septembre, les habitants du 15 rue Vojvodjanska ont reçu un nouvel avis les prévenant que l’expulsion allait avoir lieu.

Aux termes du droit international, les expulsions ne doivent être pratiquées qu’en dernier ressort et uniquement après examen de toutes les solutions possibles, en réelle consultation avec les populations touchées.

Les autorités ont alors le devoir de leur faire parvenir un préavis en bonne et due forme, de leur proposer des solutions adaptées de relogement et des indemnités, et doivent veiller à ce qu’aucune famille ne se retrouve sans domicile ou exposée à d’autres atteintes aux droits humains à la suite d’une expulsion. Elles doivent aussi leur fournir des recours utiles en cas de violations de leurs droits fondamentaux.

Le gouvernement serbe a le devoir de veiller à ce que les autorités de la capitale respectent le droit international.

Voir également :

Serbia : Stop the forced evictions of Roma settlements : http://www.amnesty.org/en/library/info/EUR70/003/2010/en

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