Des militants de 18 pays se mobilisent afin que les élections soudanaises ne se déroulent pas « comme si de rien n’était »

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

EFAI- 10 avril 2010

Bruxelles : Ce samedi 10 avril, des militants du monde entier vont participer à une journée mondiale d’action coordonnée pour le Soudan, afin d’appeler toutes les parties à faire en sorte que l’élection présidentielle à venir ne soit pas l’élément déclencheur d’une recrudescence de la violence et des atteintes aux droits humains. Ces derniers jours, de nombreux partis politiques d’opposition se sont retirés de la campagne, à la suite des craintes exprimées quant au manque d’impartialité et d’équité du scrutin et des informations faisant état de restriction des libertés fondamentales. Les militants sont inquiets car, même si tous les regards sont tournés vers le Soudan pendant l’élection, cela ne signifie pas que la situation des droits humains sur place fera l’objet d’une attention suffisante.

La journée d’action s’inscrit dans le cadre de la campagne Soudan 365 (www.sudan365.org) – une année de mobilisation pour le Soudan – mise en place à l’initiative d’un regroupement d’organisations, parmi lesquelles Amnesty International, la Coalition arabe pour le Darfour, l’Institut du Caire pour l’étude des droits humains, le Consortium pour le Darfour, Enough Project, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), Human Rights Watch, Italians for Darfur, IKV/Pax Christi, Refugees International, la coalition Save Darfur et Sudan Forum Norway.

À cette occasion, des événements auront lieu dans de nombreux pays – du Mali à la Norvège, de l’Afrique du Sud à Israël, du Sénégal à l’Irlande du Nord (une liste complète des lieux est disponible sur www.sudan365.org). Ils feront résonner sur toute la planète un « rythme pour la paix » avec le soutien de batteurs et percussionnistes parmi les plus célèbres du monde, dont Stewart Copeland (The Police), Phil Selway (Radiohead), le Ghanéen Mustafa Tettey Addey et la star du Moyen-Orient Mohamed Munir.

Les militants exhortent les dirigeants du monde entier à veiller à ce que la période électorale ne se déroule pas « comme si de rien n’était » et à se montrer extrêmement vigilants quant à la situation sur place. Par ailleurs, ils signalent que l’élection se déroulera dans un climat d’instabilité, en évoquant la récente offensive dans la région du Djebel Marra, au Darfour – qui aurait coûté la vie à des centaines de civils et contraint des milliers d’autres à fuir leur domicile – et un regain de violence dans le sud du pays.

« Les autorités soudanaises ne respectent pas les normes électorales établies avec l’Union africaine au mois de mars. Les violations des droits humains – en particulier de la liberté de réunion et de la liberté de la presse – ternissent la perspective d’un scrutin libre, juste et crédible », a déclaré Georgette Gagnon, directrice de Human Rights Watch pour l’Afrique.

« Les militants de l’opposition n’ont pas été autorisés à mener leurs activités pacifiques, certains ont même été arrêtés et torturés. Il est évident que, dans ce contexte, l’élection sera gravement compromise », a précisé Osman Hummaida, directeur exécutif de l’African Centre for Justice and Peace Studies.

Des militants se réuniront pour observer la situation au Soudan pendant la période électorale et surveiller le cours des événements sur place. Ils pourront consulter le site Sudan Vote Monitor (www.sudanvotemonitor.com), créé à l’initiative de membres de la société civile soudanaise en vue de signaler toute irrégularité ou incident qui surviendrait pendant la période électorale. Ils pourront également suivre la campagne Soudan 365 sur Twitter (twitter.com/sudan365).

« Il est d’une importance vitale que tous ceux qui participent aux élections (le gouvernement, les candidats et leurs sympathisants) respectent, protègent et promeuvent les droits humains. Le Soudan doit mettre fin à ce cycle de violence, d’insécurité et d’atteintes aux droits humains », a indiqué Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

Cette élection doit constituer une étape importante dans la mise en œuvre de l’Accord de paix global signé en 2005. Les militants demandent à la communauté internationale de renforcer son soutien aux parties en présence afin que les questions en suspens soient résolues avant le référendum prévu pour janvier 2011 et que les mesures de protection des civils soient accrues dans le courant de l’année. Ils appellent :

• le gouvernement d’unité nationale et le gouvernement du Sud-Soudan à se conformer au Code de conduite électoral qu’ils ont approuvé, notamment en respectant les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion, et en permettant à tous les observateurs électoraux de circuler librement sur l’ensemble du territoire ;
• les missions d’observation électorale qui resteront au Soudan pendant les élections à contrôler la situation des droits humains avant, pendant et après le scrutin, et à en rendre compte publiquement ;
• la communauté internationale à s’exprimer ouvertement au sujet de toutes les violations des droits humains qui seront commises ;
• la Mission des Nations unies au Soudan (MINUS) à renforcer sa présence et ses patrouilles dans les zones instables, conformément à son mandat de protection des civils ;
• les dirigeants du monde entier à aider davantage les parties à résoudre les questions en suspens avant le référendum et à les encourager à adopter une stratégie ferme en matière d’engagement international après le référendum.

« C’est une mise en garde adressée aux dirigeants. L’élection commence demain. Le référendum doit se tenir dans moins de neuf mois. La situation au Soudan est toujours aussi grave. Le regain de violence au Darfour montre que le conflit est loin d’être terminé. L’Accord de paix global, qui a mis fin à la guerre civile au cours de laquelle plus de 2 millions de personnes on trouvé la mort, demeure fragile et la violence interethnique s’est accrue. Nous avons besoin d’une réponse internationale coordonnée et efficace. Et nous en avons besoin rapidement », a expliqué Joel Charny, vice-président de Refugees International, qui participe à la campagne.

« L’élection prochaine est une occasion manquée pour le Soudan, qui aurait pu avancer sur le chemin de la transformation démocratique. Cependant, la farce tournera à la tragédie si la violence n’est pas contenue, et le peuple soudanais souffre. Nous appelons toutes les parties à renoncer à la violence et à garantir aux votants une protection adaptée. La protection des droits humains ne peut pas être mise de côté pendant cette période tumultueuse », a indiqué Mark Lotwis, président par intérim de la coalition Save Darfur.

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