Communiqué de presse

Des militants syriens détenus pour des accusations fallacieuses de « terrorisme » risquent de voir leur détention prolongée

Les autorités syriennes doivent abandonner les charges retenues contre cinq défenseurs des droits humains dont le procès « manifestement inique » pour terrorisme a été suspendu le 26 juin pour deux mois, a déclaré Amnesty International.

Les cinq membres du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM), qui auraient tous été torturés ou maltraités en détention, devaient comparaître devant le tribunal de lutte contre le terrorisme à Damas le 26 juin.

Leur procès a été reporté au 21 août, ce qui signifie que les trois militants qui sont toujours en détention resteront derrière les barreaux.

« Ce procès est manifestement inique. Le seul " crime " commis par ces militants est d’avoir fait leur travail légitime en faveur des droits humains. Les autorités syriennes doivent abandonner les accusations fallacieuses portées contre eux, a indiqué Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Les trois militants qui demeurent derrière les barreaux sont des prisonniers d’opinion – incarcérés pour avoir exercé de manière pacifique leur droit à la liberté d’expression – et doivent être libérés immédiatement. »

Ces cinq hommes ont été arrêtés le 16 février 2012, lors d’une descente effectuée dans les bureaux du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression à Damas, par des hommes en uniforme. Il semble qu’il s’agissait d’agents du Service de renseignement de l’armée de l’air.

Trois d’entre eux – Mazen Darwish, Hussein Gharir et Hani al Zitani – sont détenus depuis cette date. Les deux autres, Mansour al Omari et Abd al Rahman Hamada, ont été libérés sans condition en février 2013.

Ils doivent être jugés pour « diffusion d’actes terroristes », chef d’inculpation des plus vagues.

L’acte d’inculpation émis à leur encontre mentionne des activités telles que le suivi d’informations publiées en ligne par l’opposition syrienne, la publication d’études sur la situation des droits humains en Syrie et le recensement des noms des personnes détenues ou tuées dans le cadre du conflit.

Tous encourent une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 15 ans s’ils sont reconnus coupables.

« Au lieu de persécuter ces hommes, les autorités syriennes devraient plutôt s’efforcer d’enquêter sur leurs allégations de torture en détention et traduire les responsables présumés en justice, a poursuivi Philip Luther.

Les accusations portant sur la publication d’informations et d’études bafouent clairement leur droit à la liberté d’opinion et d’expression. »

Amnesty International a appris que Hani al Zitani, Mansour al Omari et Abd al Rahman Hamada ont été battus à l’aide de fouets, de bâtons et de matraques électriques au moment où ils prenaient leurs repas, tous les jours pendant trois mois, lorsqu’ils étaient détenus aux mains de l’armée.

D’après les informations dont dispose Amnesty International, Mazen Darwish et Hussein Gharir ont eux aussi été torturés ou maltraités.

L’épouse de Mazen Darwish, qui a fondé le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, a confié à Amnesty International qu’elle avait peur pour la santé de son mari au regard des traitements qu’il subit en détention.

« Mazen n’a pas vu la lumière du jour pendant près de 10 mois et il n’a pas reçu de nourriture suffisante, en plus de la torture qui lui a été infligée, a expliqué Yara Bader.

J’ai remarqué des marques de torture sur ses mains et ses pieds, mais il ne m’a pas raconté ce qui s’était passé en détail. Il ne se plaint pas et s’efforce toujours de se montrer serein avec moi, mais je suis très inquiète. »

À la connaissance d’Amnesty International, les autorités syriennes n’ont pris aucune mesure pour enquêter sur ces allégations.

« Nous craignons que ces hommes ne soient jugés en partie sur la base de déclarations extorquées sous la torture et les mauvais traitements en détention, a affirmé Philip Luther.

Ils ont passé des mois dans des conditions inhumaines. Désormais, ils doivent comparaître devant le tribunal de lutte contre le terrorisme, dont les procédures sont loin de respecter les normes internationales d’équité. »

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