Détentions arbitraires, disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires

À la suite des récentes informations faisant état d’une nouvelle affaire où 12 jeunes semblent avoir été soumis à une détention arbitraire, une disparition forcée et une exécution extrajudiciaire dans le cadre de l’opération Libération et protection du peuple (OLP), Amnesty International engage les autorités vénézuéliennes à respecter leur obligation de veiller à ce que les proches de victimes de crimes au regard du droit international et de graves atteintes aux droits humains obtiennent justice, vérité et réparation, ainsi que des garanties de non-répétition.

Le 15 octobre 2016, Elizer Ramírez, Antony Vargas, Antonio Aladejo, Luis Sanz, Dennys Acevedo, Oscar Rodríguez, Yorman Mejias, Freddy Hernández, Víctor Manuel Martínez, Jairo Rivas, Kenry González et Carlos Marchena ont été arrêtés arbitrairement dans la région de Barlovento (État de Miranda), à 30 km à l’est de Caracas, la capitale du Venezuela. Plus d’un mois après, le 28 novembre 2016, leurs corps ont été retrouvés dans deux fosses communes. Selon des témoignages recueillis par Amnesty International, on ignore encore où se trouvent d’autres victimes possibles dans cette affaire.

L’opération dite « OLP » a été dénoncée par la société civile. Les détentions arbitraires, les actes de torture et les autres traitements cruels, inhumains et dégradants tels que des disparitions forcées et des exécutions commis par des fonctionnaires censés veiller au respect de la loi constituent des crimes au regard du droit international et de graves violations des droits humains. Les événements survenus près de Barlovento sont une nouvelle preuve de la multiplication des crimes de droit international et des violations des droits humains perpétrés dans le cadre de cette opération depuis qu’elle a commencé il y a plus d’un an.

Amnesty International a recensé de nombreux cas de graves violations des droits humains depuis le lancement de l’opération Libération et protection du peuple, en juillet 2015. D’après le ministère de la Justice, un mois après le début de cette opération, 52 civils étaient déjà morts dans des affrontements armés avec les forces de sécurité.

L’impunité pour les crimes de droit international et les violations des droits humains est de plus en plus fréquente au Venezuela. D’après les chiffres du bureau du procureur général, seulement 3 % des plaintes liées à de tels faits aboutissent à des poursuites pénales contre les responsables présumés.

Amnesty International prend acte de la volonté des autorités de condamner ces événements et de prendre des mesures à la suite de la découverte des corps de ces 12 jeunes gens disparus, affichée dans certaines déclarations du bureau du procureur général et du ministère de la Défense, et espère que celles-ci seront suivies d’actions concrètes tant pour punir les responsables présumés, en respectant pleinement les garanties d’une procédure régulière, que pour fournir des réparations et une protection aux proches des victimes et aux témoins des faits.

Toutefois, punir ces crimes et violations ne signifie pas que le gouvernement vénézuélien est exonéré de la responsabilité d’avoir mis en place des plans d’action inacceptables qui, même si l’objectif visé était de réduire le niveau alarmant de la violence dans le pays, ont fini par donner lieu à encore plus d’atteintes aux droits humains.

Amnesty International estime que le recours aux opérations du type « OLP » doit cesser immédiatement et que des mesures doivent être établies pour assurer la sécurité de tous les citoyens dans le respect des droits humains, avec la participation de l’ensemble de la société civile et sous la supervision de la Commission interaméricaine des droits de l’homme et du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, dans le cadre du Plan national relatif aux droits humains adopté en mars 2016.

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