Des détenus frappés et forcés de comparaître devant un tribunal dans une tenue inadéquate

Les autorités éthiopiennes doivent immédiatement mettre fin aux mauvais traitements infligés à des membres de l’opposition et à des défenseurs des droits humains, qui ont été frappés au cours de leur détention et forcés à comparaître devant un tribunal dans une tenue inadéquate, a déclaré Amnesty International le 3 juin 2016.

Les 22 accusés, parmi lesquels se trouvaient les dirigeants d’opposition Gurmesa Ayano et Beqele Gerba, président adjoint du Congrès fédéraliste oromo, ont été conduits le 3 juin devant un tribunal dans une tenue inadéquate. Selon la plainte déposée auprès du tribunal par Beqele Gerba, des accusés ont été frappés pendant leur détention, et des responsables de la prison ont confisqué les costumes noirs de tous les accusés, que ces derniers comptaient porter au tribunal. D’autres détenus leur ont pris leurs autres vêtements.

« Les autorités pénitentiaires se sont de nouveau rendues responsables d’agissements scandaleux : les accusés ont non seulement été frappés mais ils ont aussi subi un traitement dégradant en étant forcés de comparaître devant le tribunal dans leurs sous-vêtements, a déclaré Michelle Kagari, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Est et les Grands Lacs à Amnesty International.

« Les autorités éthiopiennes et le tribunal ne peuvent pas s’abstenir de réagir face à ces mauvais traitements. Ils doivent veiller à ce que des enquêtes dignes de ce nom soit menées dans les meilleurs délais et à ce que les responsables répondent de leurs actes.  »

Les 22 personnes en question ont été accusées d’infractions au titre de la Loi éthiopienne relative à la lutte contre le terrorisme pour avoir organisé en novembre 2015 des manifestations dans l’Oromia. Le 26 avril 2016, le tribunal a ajourné l’audience jusqu’au 11 mai 2016. Mais le 11 mai 2016, les autorités pénitentiaires n’ont pas amené les accusés au tribunal. Les accusés avaient tous revêtu un costume noir de deuil en mémoire des personnes qui ont été tuées lors des manifestations, et c’est apparemment pour cette raison que les autorités de la prison ont refusé de les amener au tribunal.

« La politique visant à museler les dissidents que mène de longue date l’Éthiopie a des effets dévastateurs pour les membres de l’opposition et les personnes qui défendent les droits humains, car elle les empêche totalement d’exercer leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique  », a déclaré Michelle Kagari.

Beqele Gerba et ses coaccusés dans cette affaire ont été arrêtés de façon arbitraire à la suite des manifestations généralement pacifiques qui ont débuté en novembre 2015 et qui ont été organisées pour protester contre l’accaparement de terres sans indemnisation adéquate dans la région d’Oromia.

Les autorités ont réagi en procédant à des milliers d’arrestations arbitraires, et plusieurs centaines de personnes qui participaient aux manifestations ont été tuées illégalement par les services de sécurité.

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