Un dirigeant syndical condamné à 5 ans d’emprisonnement

La condamnation d’un dirigeant syndical à cinq ans d’emprisonnement illustre une fois de plus l’intensification des attaques du gouvernement contre le droit à la liberté de manifester pacifiquement en Corée du Sud, a déclaré Amnesty International lundi 4 juillet.

Lundi 4 juillet, le tribunal du district central de Séoul a condamné Han Sang-gyun, président de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU), pour son rôle dans l’organisation de plusieurs manifestations. La plus en vue a été le « Rassemblement populaire » du 14 novembre 2015, majoritairement pacifique.

« Han Sang-gyun est la dernière victime en date de la répression de plus en plus implacable menée en Corée du Sud contre l’opposition pacifique. Sa condamnation est injuste et honteuse, a déclaré Arnold Fang, spécialiste de l’Asie de l’Est à Amnesty International.

« La peine prononcée porte un coup terrible au droit à la liberté de réunion pacifique, en dissuadant les autres personnes qui voudraient organiser des manifestations. En aucun cas les organisateurs ne doivent être tenus pour responsables des actes de ceux qui sabotent une manifestation pacifique. »

En requérant huit ans d’emprisonnement, le ministère public a souligné que, Han Sang-gyun étant dirigeant syndical, ses actions devaient être considérées comme des « méfaits » de la KCTU et de l’ensemble du mouvement syndical, et non comme des actes commis uniquement à titre personnel.

Des dizaines de milliers de manifestants ont participé au « Rassemblement populaire » de novembre dernier contre le gouvernement, au cours duquel des affrontements ont eu lieu entre police et manifestants. La police a eu recours à une force excessive lors de ces manifestations majoritairement pacifiques, notamment en utilisant des canons à eau, et des manifestants ont été blessés. Quelques rares participants étaient armés de tuyaux en métal et de tiges de bambou taillées en pointe.

Un rassemblement pacifique ne perd pas son caractère pacifique du fait de violences sporadiques ou du comportement illicite de certaines personnes. Si une minorité de manifestants agissent de façon violente, la police doit faire la distinction entre ceux-ci et les autres lors des opérations visant à rétablir l’ordre public.

La police a arrêté Han Sang-gyun en décembre 2015, lorsqu’il s’est livré de son plein gré après s’être réfugié dans un temple du centre de Séoul pendant 25 jours, à la suite du « Rassemblement populaire ». Il a été inculpé de diverses infractions allant de l’outrage à des fonctionnaires au blocage de la circulation.

L’arrestation et la détention de dirigeants syndicaux, de syndicalistes et d’autres manifestants ne se sont pas limitées à Han Sang-gyun. Plus de 500 membres de la KCTU ont été convoqués par la police en raison de leur participation au rassemblement, dont 13 ont été jusqu’à présent condamnés à des peines de huit à 18 mois de prison.

« Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions doivent être libérées immédiatement et sans condition. La Corée du Sud doit cesser de persécuter des personnes qui ne font qu’exercer leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique  », a déclaré Arnold Fang.

Dans un rapport sur la Corée du Sud présenté à l’issue de sa visite dans ce pays en janvier 2016, Maina Kiai, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et d’association, a indiqué que le fait d’accuser des manifestants de certaines infractions pénales, telles que le blocage de la circulation, criminalisait de fait le droit de réunion pacifique.

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