Il faut que l’État chinois révèle immédiatement aux familles de Wangchuk Tseten et de Pema Gyaltsen où ils se trouvent et, s’ils ne sont plus en vie, qu’il leur restitue les corps. Ces deux hommes ont été emmenés par la police après avoir tenté de s’immoler.
Par ailleurs, Amnesty International exhorte les autorités à cesser de harceler, de tenter d’intimider, d’agresser et de détenir arbitrairement des proches de Wangchuk Tseten et de Pema Gyaltsen, ainsi que d’autres personnes accusées d’avoir une part de responsabilité dans leurs actes.
Wangchuk Tseten a tenté de s’immoler par le feu le 15 avril 2017 à Ganzi (Kardze en tibétain), une ville de la préfecture tibétaine autonome du même nom (province du Sichuan, ouest de la Chine), selon les informations relayées par des organisations non gouvernementales (ONG) tibétaines basées à l’étranger et les médias. Le 19 avril, Voice of America a indiqué que les autorités avaient convoqué plusieurs habitants afin de les interroger au sujet de cet acte.
Moins d’un mois auparavant, le 18 mars 2017, Pema Gyaltsen avait tenté de s’immoler par le feu dans le comté de Xinlong (Nyarong en tibétain), situé également dans la préfecture tibétaine autonome de Ganzi. Selon des sources tibétaines, il était vivant au moment où la police l’avait emmené. La Campagne internationale pour le Tibet a rapporté que ses proches avaient été détenus et battus lorsqu’ils avaient demandé aux autorités où il se trouvait et s’il était toujours en vie. Des Tibétains qui se trouvaient simplement sur les lieux ont aussi été arrêtés. Les communications ont été totalement bloquées dans la région suite à la tentative d’immolation. La région a été coupée du reste du monde, aussi bien au niveau de l’accès à Internet que du réseau de téléphonie mobile, et les déplacements ont été fortement restreints.
Lobsang Kunchok, un moine tibétain qui a tenté de s’immoler par le feu en 2011 a été détenu au secret dans une prison jusqu’à sa libération, intervenue seulement le 28 mars 2017, selon le Centre tibétain pour les droits de l’homme et la démocratie. La détention au secret de personnes ayant tenté de s’immoler et leur condamnation sans procès public constituent des violations du droit international relatif aux droits humains et des normes connexes.
Dans les cas précédents, les autorités se sont emparées immédiatement des corps et ne les ont pas restitués à la famille.
En outre, elles ont puni des personnes prétendument en relation avec celles qui s’étaient immolées. Chanter en hommage à des personnes qui se sont immolées et présenter ses condoléances à leur famille sont « des activités illégales en lien avec l’indépendance du Tibet », selon un avertissement publié par les autorités du comté de Tongren (province du Qinghai), une région à population tibétaine située dans l’ouest de la Chine. Amnesty International a recueilli des informations sur des cas de personnes emprisonnées à la suite des immolations d’autres personnes. Ainsi, Dolma Tsao a été inculpée d’« homicide volontaire » et condamnée à trois ans d’emprisonnement en 2014 pour avoir transporté le corps calciné de son voisin dans un véhicule après que celui-ci s’est immolé par le feu.
En ce qui concerne les personnes détenues dans le contexte des tentatives d’immolation de Wangchuk Tseten et de Pema Gyaltsen, les autorités ne devraient pas les emprisonner seulement parce qu’elles ont été témoins de ces actes ou ont exercé leurs droits aux libertés d’expression, de religion et de croyance.
En comptant Wangchuk Tseten et Pema Gyaltsen, au moins 148 Tibétains se sont immolés ou ont tenté de le faire depuis février 2009 dans les régions de Chine à population tibétaine pour protester contre les politiques répressives de l’État.
Amnesty International appelle les autorités à éliminer les causes profondes de ces actes, à mettre fin à la discrimination socioéconomique et aux restrictions juridiques et politiques qui bafouent les droits humains, et à s’engager à examiner de manière exhaustive la situation des droits humains dans les différentes régions à population tibétaine.