« Hossam Bahgat, qui dirige l’une des principales organisations égyptiennes de défense des droits humains, subit depuis des années un harcèlement incessant aux mains des autorités égyptiennes en raison de son travail légitime en faveur des droits. Quelques mois seulement après avoir levé l’interdiction de voyager inique qui le visait depuis huit ans, elles relancent leur campagne de représailles contre lui, qui ressemble fort à une sinistre tentative de faire taire les critiques et les reportages sur leur triste bilan en matière de droits humains. La convocation a été délivrée quelques jours après que le ministère de l’Intérieur a menacé [1] d’intenter une action en justice à la suite d’une déclaration de son organisation critiquant la détention provisoire prolongée et les conditions désastreuses qui ont conduit les détenus de la prison du Dixième jour de ramadan à entamer une grève de la faim, a déclaré Mahmoud Shalaby, chercheur sur l’Égypte à Amnesty International.
« Les autorités égyptiennes sont connues de longue date pour réprimer et intimider les ONG et leur personnel en usant d’un large éventail de méthodes, allant des arrestations et détentions arbitraires aux poursuites iniques, en passant par les interdictions de voyager, le gel des avoirs, la surveillance, les mesures excessives de contrôle et de mise à l’épreuve, et les convocations à des interrogatoires coercitifs. Au lieu de redoubler d’efforts pour attaquer tous ceux qui critiquent leur bilan en matière de droits humains, elles devraient cesser d’instrumentaliser le système de justice pénale défaillant pour cibler les militant·e·s de la société civile et s’efforcer de leur permettre de mener à bien leur travail en faveur des droits sans subir de représailles ni d’intimidations.
« Cette convocation met une fois de plus en évidence le décalage entre les affirmations du gouvernement égyptien, et de ses alliés, qui assure prendre des mesures crédibles pour respecter les droits humains, et la triste réalité sur le terrain. »
Complément d’information
Hossam Bahgat est le directeur exécutif et fondateur de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), une organisation de défense des droits humains. Le 12 janvier, l’EIPR a publié une déclaration [2] sur les détenus en grève de la faim à la prison du Dixième jour de ramadan pour protester contre leur détention provisoire prolongée et leurs mauvaises conditions d’incarcération.
Depuis longtemps, les autorités égyptiennes harcèlent Hossam Bahgat et le personnel de l’EIPR.
En novembre 2015, elles ont détenu [3] illégalement Hossam Bahgat pendant trois jours à la suite de son reportage sur un projet visant à renverser le gouvernement. Il a été accusé de publication de fausses informations à la suite de son enquête [4] publiée par le site d’information indépendant Mada Masr. En 2016, les autorités ont interdit de manière arbitraire à Hossam Bahgat de voyager et ont gelé ses avoirs dans le cadre de l’affaire 173, dite « affaire des financements étrangers », une enquête pénale abusive d’une décennie qui a ciblé des dizaines d’organisations non gouvernementales. Cette affaire, ouverte en 2011, n’a été classée que 13 ans plus tard, en 2024.
En novembre 2020, trois responsables de l’EIPR ont été détenus [5] pendant plusieurs jours pour des accusations infondées de terrorisme à la suite de leur rencontre avec des diplomates européens au sujet de la crise des droits humains en Égypte.
En novembre 2021, Hossam Bahgat a été condamné à une amende de 10 000 livres égyptiennes (environ 192 euros) pour « outrage à l’autorité électorale », « diffusion de fausses informations » et « utilisation d’un compte sur les réseaux sociaux pour commettre ces infractions », en raison d’un tweet [6] qui critiquait l’ancien président de l’autorité électorale nationale égyptienne.
La situation des droits humains en Égypte doit être examinée le 28 janvier 2025 dans le cadre de l’Examen périodique universel [7] réalisé par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.