Égypte. L’inquiétude grandit à l’approche des élections municipales du 8 avril


Synthèse destinée aux médias

Le mardi 8 avril se dérouleront des élections municipales et locales en Égypte. Elles auraient dû avoir lieu il y a deux ans mais ont été repoussées par les autorités jusqu’à maintenant. La décision de repousser les élections avait été largement interprétée comme une réaction du gouvernement au succès sans précédent des partisans des Frères musulmans lors des élections législatives de 2005.

Ce seront les premières élections depuis les modifications apportées en 2005 à la Constitution, qui prévoient que les candidats indépendants au scrutin présidentiel doivent obtenir le soutien d’au moins dix élus de chaque conseil municipal dans au moins 14 gouvernorats pour que leur candidature soit acceptée.

À l’approche des élections, des centaines de candidats potentiels ont été arrêtés ou soumis à des restrictions ; parmi eux figurent de nombreux partisans et militants des Frères musulmans, principale organisation d’opposition.

Amnesty International craint qu’un grand nombre des personnes arrêtées et placées en détention ne soient des prisonniers d’opinion détenus uniquement pour avoir exercé de manière légitime leur droit à la liberté d’expression et d’association. L’organisation demande la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers d’opinion et appelle les autorités égyptiennes à lever toutes les autres restrictions illégales de la liberté d’expression.

Arrestations de candidats potentiels et restrictions à leur encontre
Selon les informations qu’a reçues Amnesty International, plus de 160 candidats potentiels auraient été arrêtés par les autorités égyptiennes avant les élections.

Des policiers en civil auraient empêché des militants des Frères musulmans d’être candidats aux élections locales en leur barrant l’entrée des bureaux d’inscription ; d’autres candidats n’auraient pas pu s’inscrire parce que le personnel électoral nommé par le gouvernement aurait refusé leur dossier.

À plusieurs reprises, des tribunaux administratifs ont ordonné que des militants des Frères musulmans auxquels avait été refusé le droit de s’inscrire puissent déposer leur candidature, mais seuls quelques-uns ont réussi à le faire.

Cette situation a provoqué des protestations de la part de milliers de partisans des Frères musulmans dans plusieurs gouvernorats.

Des tribunaux administratifs ont également ordonné la suspension des élections dans certains gouvernorats : Buhayrah, Gharbiyah, Kafr Shaykh, Qalyubiyah et Minufiyah.


Arrestations de manifestants

Au cours de ces deux derniers jours, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues pour protester contre le refus des autorités d’appliquer les décisions des tribunaux administratifs ; deux cent quatre-vingt personnes, principalement du gouvernorat de Buhayrah, ont été arrêtées et sont toujours en détention. Plusieurs manifestants auraient été blessés au cours des affrontements avec la police.

En outre, depuis janvier, plus de 650 partisans des Frères musulmans ont été arrêtés dans plusieurs gouvernorats - 530 sont toujours en détention. La plupart sont accusés d’avoir organisé des rassemblements illégaux et d’avoir été en possession de tracts subversifs. On trouve parmi eux des professeurs d’université, des médecins et personnalités du monde des affaires, ainsi que trois anciens membres du parlement, Sayyed Hazzin, Saber Abdelsadeq et Sayyed Abdelhamid.

Parmi les personnes actuellement détenues ou qui risquent d’être arrêtées, figurent deux journalistes qui ont fait état d’arrestations et d’autres actions des autorités contre des membres et des partisans de l’organisation des Frères musulmans. Khaled Hamza, rédacteur en chef de Ikhwan web, site Internet qui publie des informations en anglais sur les activités des Frères musulmans, a été arrêté le 20 février 2008 et sa détention provisoire a été prolongée de quinze jours le 31 mars. Il souffre de problèmes cardiaques mais se serait vu refuser les soins médicaux que nécessite son état pendant sa détention. Le domicile de l’autre journaliste, Abdel Galil Al Sharnouby, rédacteur en chef de Ikhwan Online, site en langue arabe de l’organisation, a été perquisitionné deux fois par la police, venue pour l’arrêter le 12 et le 21 mars ; il a demandé refuge au Syndicat des journalistes, au Caire.

Frères musulmans
Cette dernière vague de répression des autorités égyptiennes s’inscrit dans une politique systématique d’arrestations arbitraires et de détentions répétées des partisans des Frères musulmans avant des élections. L’organisation des Frères musulmans est officiellement interdite en Égypte mais elle a de nombreux partisans, et il est arrivé très souvent que ses partisans se présentent en tant que candidats indépendants aux scrutins nationaux et locaux.

Le jugement dans le procès de 40 dirigeants de l’organisation qui comparaissent devant un tribunal militaire du Caire est attendu. Le procès a débuté en avril 2007 et le jugement devait être rendu en mars 2008, mais la date a été repoussée après les élections municipales. Il est maintenant attendu pour le 15 avril. Amnesty International et d’autres organisations ont envoyé des juristes comme observateurs indépendants, mais l’accès au tribunal leur a été refusé.

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