Égypte. Les autorités doivent renoncer à la peine de mort dans une affaire d’assassinats motivés par l’intolérance religieuse

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

17 janvier 2011

Index AI : PRE 01/018/2011

Amnesty International a condamné la sentence de mort prononcée en
Égypte contre un homme reconnu coupable d’assassinats motivés par
l’intolérance religieuse, et a appelé les autorités égyptiennes
à cesser de contourner le système judiciaire classique en passant par
les tribunaux d’exception.


Mohamed Ahmed Hussein
a été condamné à mort dimanche 16 janvier 2011 par la Cour suprême de sûreté de l’État pour l’assassinat de six
coptes et un policier musulman lors d’une fusillade depuis une voiture
à la sortie de la messe, dans la ville de Nagaa Hammadi, le 6 janvier
2010.

« Nous appelons les autorités égyptiennes à commuer la condamnation
à mort prononcée contre Mohamed Ahmed Hussein, a déclaré Amnesty
International.


« Cette condamnation est d’autant plus choquante que l’affaire a été
jugée par un tribunal qui ne permet aucun recours, en violation des
droits fondamentaux de l’accusé à un procès équitable. Il faut
mettre un terme à cette pratique, qui court-circuite le système judiciaire
classique.

« Nous déplorons la mort tragique des six fidèles et du policier, mais
nous craignons que, plutôt que de reposer sur les éléments de preuve
existants, ce verdict sévère ne soit plutôt destiné à montrer la
détermination des autorités à lutter contre la violence
interconfessionnelle, en particulier après l’attentat dans une église
d’Alexandrie. »

Les condamnations prononcées par les tribunaux d’exception, qui sont
souvent utilisés dans les affaires politiquement sensibles, ne sont
pas susceptibles d’appel. Après le Grand Mufti, plus haute autorité
religieuse du pays, le tribunal prononce la condamnation définitive,
et il revient ensuite au président de la ratifier ou de la commuer.

L’avocat de Mohamed Ahmed Hussein a déclaré à Amnesty International
que le procès s’était déroulé dans le respect de la procédure, mais que les éléments retenus contre l’accusé n’avaient rien de probant.

Mohamed Ahmed Hussein clame son innocence.

Sa condamnation survient deux semaines après un attentat à la bombe
qui a fait 23 morts dans une église copte d’Alexandrie, le 1er janvier
2011. Amnesty International craint que les autorités égyptiennes ne
cherchent à apaiser les tensions entre communautés religieuses en
faisant preuve de fermeté à l’égard de la violence interconfessionnelle.

« La peine de mort ne doit pas être utilisée pour lutter contre les
violences motivées par l’intolérance religieuse et n’empêchera
certainement pas de nouveaux actes de violence, a souligné Amnesty
International. Les autorités égyptiennes devraient commencer par lever
toutes les restrictions juridiques et autres imposées aux coptes et
aux autres minorités religieuses. »

Le verdict concernant les deux complices présumés de Mohamed Ahmed
Hussein, Qurshi Abu al Haggag et Hindawi El Sayyef Mohamed, est attendu le 20 février.

Amnesty International exhorte les autorités égyptiennes à commuer
toutes les condamnations à mort et à respecter strictement les normes
internationales relatives à l’équité des procès.

Des informations plus générales sur la situation des minorités religieuses en Égypte sont disponibles dans la déclaration publique d’Amnesty International intitulée Égypte. Les autorités n’assurent pas la protection des minorités religieuses (index AI : MDE 12/001/2010), en date du 12 janvier 2010 :www.amnesty.org/fr/library/info/MDE12/001/2010/fr.

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