Communiqué de presse

Égypte. Les autorités doivent libérer un blogueur gréviste de la faim dont l’état de santé se dégrade

Les autorités égyptiennes doivent libérer immédiatement et sans condition un blogueur incarcéré qui observe une grève de la faim depuis plus d’un mois, a déclaré Amnesty International lundi 26 septembre.

D’après sa famille, l’état de santé de Maikel Nabil Sanad, 25 ans, qui a entamé une grève de la faim le 23 août, s’est gravement détérioré depuis que les autorités pénitentiaires ont cessé de lui administrer des médicaments indispensables pour ses troubles cardiaques.

« Il est profondément inquiétant de constater que le traitement infligé par l’Égypte aux dissidents ne semble guère avoir changé par rapport à l’époque où Hosni Moubarak était à la tête du pays, a déploré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.


« Amnesty International demande la libération immédiate et inconditionnelle de Maikel Nabil Sanad. Dans l’attente de sa libération, il doit bénéficier des soins médicaux dont il a besoin. »

Le blogueur a été interpellé le 28 mars dans sa maison du Caire, jugé par un tribunal militaire le 10 avril et condamné à une peine de trois ans de prison, pour avoir publié des commentaires sur Facebook et diffusé des mensonges et des rumeurs au sujet des forces armées sur son blog.

Sur ce blog, il a dénoncé le fait que les soldats ont recouru à la force contre des manifestants pacifiques place Tahrir et raconté sa détention et les tortures qu’il a subies aux mains de l’armée égyptienne au mois de février.

Il a fait appel de la décision du tribunal et son recours doit être examiné le 4 octobre.

Lorsque ses proches lui ont rendu visite à l’hôpital pénitentiaire le 19 septembre, il leur a dit que les autorités carcérales ne lui donnaient plus les médicaments indispensables pour ses troubles cardiaques, faisant valoir que puisqu’il observait une grève de la faim, il ne pouvait pas prendre ces médicaments sans la surveillance d’un médecin. Toutefois, aucun cardiologue ne l’a examiné.

En outre, depuis qu’il a entamé sa grève de la faim, son poids a chuté de 60 à 48 kilos.

« Les médecins nous disent que les grévistes de la faim ne survivent pas plus de 40 jours. Aujourd’hui, c’est le 34e jour pour Maikel. La chose la plus importante pour nous maintenant, c’est qu’il reçoive les soins médicaux dont il a besoin dans un hôpital privé, au moins jusqu’à ce qu’il comparaisse devant le tribunal le 4 octobre, a indiqué à Amnesty International son frère Mark Nabil Sanad.

Maikel a juré qu’il n’arrêterait pas sa grève de la faim tant qu’il ne serait pas remis en liberté. Nous avons adressé plusieurs requêtes aux autorités égyptiennes et nous les tenons pour responsables de tout ce qui pourrait arriver à Maikel », a-t-il ajouté.

Son frère a expliqué à Amnesty International que Maikel lui avait relaté que les autorités carcérales avaient placé des drogues dans son sac, manifestement pour lui faire peur et l’inciter à mettre un terme à sa grève de la faim.

D’après son frère, Maikel a ensuite remis les drogues à un représentant du bureau du procureur qui lui a rendu visite en prison, lui expliquant qu’il avait été victime d’une machination.

Amnesty International considère Maikel Nabil Sanad comme un prisonnier d’opinion, car elle estime qu’il est détenu uniquement pour avoir exercé sans violence son droit à la liberté d’expression.

« Depuis que les manifestations ont débuté en Égypte au début de l’année, au moins 12 000 personnes ont comparu devant des tribunaux militaires, a indiqué Mark Nabil Sanad.


« Rien n’a changé depuis la " révolution ". En fait, la situation empire. »

Les autorités ont récemment menacé d’incarcérer Mark Nabil Sanad parce qu’il soutient publiquement son frère Maikel.


« Mark Nabil Sanad est pris pour cible simplement parce qu’il cherche à défendre son frère contre l’injustice
, a estimé Hassiba Hadj Sahraoui.

« Les autorités égyptiennes doivent cesser immédiatement de l’intimider. Il convient d’enquêter sur les menaces ou les violences qui lui seraient infligées par des membres des forces de sécurité et d’amener les responsables présumés à rendre des comptes. »

Amnesty International s’oppose à ce que des civils comparaissent devant des tribunaux militaires, qu’elle considère comme fondamentalement iniques, car ils privent les accusés de certaines des garanties essentielles à un procès équitable, notamment du droit d’interjeter appel.

Dans le cadre du système des tribunaux militaires en Égypte, les appels sont limités à des points d’ordre juridique et n’offrent pas la possibilité de réexaminer les faits ni les preuves.

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