Égypte. Les autorités sont priées de respecter les droits humains pendant les élections

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

SOUS EMBARGO STRICT JUSQU’AU 21 NOVEMBRE 2010 À 00 H 01 HEURE D’EUROPE DE L’EST

Vendredi 19 novembre 2010, Amnesty International a exhorté les autorités égyptiennes à veiller à ce que l’ensemble des candidats et des électeurs échappent à toute manœuvre de harcèlement et d’intimidation, notamment de la part des forces de sécurité et des sympathisants du parti au pouvoir, lors des élections législatives prévues le 28 novembre.

Cet appel intervient sur fond de restrictions imposées récemment par les autorités égyptiennes aux militants de l’opposition, qui voient leurs libertés d’expression, d’association et de réunion restreintes.

« Les autorités égyptiennes doivent respecter les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion et veiller à ce que les manifestants pacifiques ne soient ni arrêtés ni détenus de manière arbitraire. Les droits de tous les candidats et les militants doivent être respectés sans discrimination, a indiqué Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Dans les bureaux de vote, les électeurs doivent bénéficier de la protection des forces de sécurité égyptiennes et non être victimes de harcèlement ou de manœuvres d’intimidation de leur part, comme cela a été si souvent le cas lors des élections législatives de 2005. »

Les Égyptiens qui critiquent les autorités ou sont considérés comme une menace pour l’ordre public ou la sécurité sont arrêtés, placés en détention, inculpés d’infractions pénales et menacés de détention sans inculpation ni jugement en vertu de la législation d’exception. En effet, l’état d’urgence a été décrété en Égypte il y a près de 30 ans, en 1981.

À l’approche des élections, les autorités ont également pris des mesures visant à restreindre l’accès de la population à l’information et à fragiliser l’opposition politique.

Les journaux qui publient des articles sur des sujets politiques considérés comme sensibles sont saisis ou détruits. Selon certains médias, une dizaine de chaînes égyptiennes de télévision par satellite ont été suspendues. Les militants de partis politiques, ainsi que les membres de mouvements tels que l’Association nationale pour le changement, qui prône une réforme politique afin de permettre des élections libres et équitables, sont victimes de harcèlement, voire placés en détention.

Des centaines de membres des Frères musulmans ont été arrêtés depuis que Mohamed Badie – à la tête du mouvement – a déclaré le 9 octobre qu’ils allaient présenter des candidats aux élections législatives. Près de 250 de leurs sympathisants seraient toujours derrière les barreaux.

L’organisation des Frères musulmans, officiellement interdite depuis 1954, mène pourtant ses activités ouvertement. Elle est généralement considérée comme la principale rivale de la formation politique au pouvoir en Égypte, le Parti national démocrate (PND). En tant qu’organisation interdite, elle ne peut pas participer directement aux élections, mais a déjà démontré sa force en présentant avec succès des candidats indépendants.

Le nombre d’atteintes aux droits humains commises durant les élections de novembre sera représentatif de ce qui pourrait se produire en 2011, lorsque se tiendra l’élection présidentielle. Le président actuel, Hosni Moubarak, est au pouvoir depuis 1981.

« Le monde observera la conduite des autorités égyptiennes durant ce scrutin. L’occasion leur est offerte de montrer que l’Égypte peut être un pays où les droits humains sont respectés », a déclaré Malcolm Smart.

Les appels en faveur de la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 29 ans, qui a été reconduit pour deux ans en mai 2010, et le mécontentement grandissant face aux politiques gouvernementales avivent les tensions à l’approche des élections de novembre.

« En Égypte, l’état d’urgence et la législation qui s’y rapporte favorisent de longue date les violations des droits fondamentaux dans tout le pays, a indiqué Malcolm Smart. Il est grand temps qu’elles soient abrogées. »

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