ÉGYPTE : Les opposants à la guerre menacés

Index AI : MDE 12/006/2003

Alors que de nouvelles manifestations contre une éventuelle guerre en Irak
sont prévues demain en Égypte, Amnesty International a appelé les autorités
de ce pays à respecter le droit des citoyens à la liberté d’expression et de
rassemblement.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par les arrestations qui ont eu lieu
récemment et qui ont touché des personnes qui avaient simplement participé
de manière non violente à des manifestations », a déclaré l’organisation de
défense des droits humains.

Plusieurs personnes sont en détention au secret depuis plusieurs jours, sans
pouvoir entrer en contact avec leurs proches ou leurs avocats.

Magdi Abbas al-Kordi, opposant à la guerre contre l’Irak, a été arrêté
autour du 6 février 2003. Sa famille est restée presque une semaine sans
nouvelles de lui. Elle a appris récemment qu’il était détenu à la prison de
Mazraat Tora.

Kamal Khalil, militant politique arrêté déjà à de nombreuses reprises, a
quitté son domicile de Gizeh le 19 février 2003. Il n’a pas été revu depuis.
Il serait détenu au secret par le Service de renseignements de la sûreté de
l’État. Certains militants se disent persuadés que Kamal Khalil a été arrêté
afin de dissuader d’autres personnes de participer aux manifestations de
demain. Amnesty International prie instamment les autorités égyptiennes
d’indiquer où se trouve Kamal Khalil et de veiller à ce qu’il ne lui soit
fait aucun mal.

Une bonne douzaine de manifestants étaient toujours en détention. Plusieurs
d’entre eux se trouvaient en détention administrative, en vertu de la
législation d’urgence. La Loi relative à l’état d’urgence autorise le
pouvoir exécutif à ordonner le placement en détention administrative
prolongée, sans inculpation ni jugement, de toute personne soupçonnée de
constituer une menace à la sécurité nationale ou à l’ordre public.

Un certain nombre de manifestants sont en détention depuis plus d’un mois,
au titre de la législation d’urgence. Muhammad Khalil Ghittas, Muhammad
Husni Mahmud, Muhammad al-Dakhli Ahmad, Tamer Hindawi, Abd al-Gawad Mustafa
et Mahmud Hassan Muhammad sont restés plusieurs jours dans les locaux du
Service de renseignements de la sûreté de l’État, avant qu’un parlementaire
ne soit autorisé à leur rendre visite. Ils sont actuellement en prison.

Récemment libéré, Ibrahim al-Sahary, a affirmé qu’il avait été maltraité
alors qu’il était détenu par le Service de renseignements de la sûreté de
l’État. Journaliste au journal al-’Alam al-Yom, il avait été arrêté à son
domicile par des agents de ce service, le 8 février, aux premières heures.
Il avait ensuite été transféré à la prison de Mazraat Tora, où il avait été
placé en détention administrative et à l’isolement cellulaire. Avant sa
libération, le 17 février, il a été conduit au siège du Service de
renseignements de la sûreté de l’État, au Caire, où il aurait été frappé et
insulté, parce qu’il refusait de se laisser bander les yeux et attacher les
mains derrière le dos avec des menottes. Ibrahim al-Sahary avait peu avant
son arrestation publié un livre intitulé Irak : Nouvelle guerre pour
l’hégémonie et le pétrole. Il avait aussi pris part, récemment, à une
manifestation contre la guerre en Irak.

Amnesty International estime que la Loi relative à l’état d’urgence et la
Loi n°10 de 1914 (Loi sur les rassemblements) restreignent sévèrement les
droits à la liberté d’expression et de rassemblement, tels qu’ils sont
garantis par la législation et les normes internationales relatives aux
droits humains, comme par exemple le Pacte international relatif aux droits
civils et politiques (PIDCP), auquel l’Égypte est partie.

En novembre 2002, le Comité des droits de l’homme des Nations unies,
l’organe chargé de veiller à l’application du PIDCP, s’est inquiété de la
quasi-permanence de l’état d’urgence en Égypte et a recommandé que la
nécessité d’une telle mesure soit réexaminée. L’état d’urgence est
régulièrement prorogé depuis 1981. Il est censé prendre fin en mai 2003.
Toute reconduction de l’état d’urgence doit être approuvée par le Parlement.

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