Les craintes s’amplifient concernant l’universitaire de premier plan Nasser bin Ghaith, en détention secrète depuis qu’il a été arrêté par les autorités des Émirats arabes unis et qui risque d’être victime de torture et d’autres formes de mauvais traitements, a déclaré Amnesty International.
« Le lieu de détention de Nasser bin Ghaith doit être révélé immédiatement et cet homme doit être libéré s’il est détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Sa détention au secret dans un lieu tenu secret est une violation flagrante de la procédure légale », a déclaré Said Boumedouha, directeur par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Nous craignons que Nasser bin Ghaith ne soit victime de torture et d’autres formes de mauvais traitements aux mains des services de la Sûreté de l’État du pays ».
Selon les informations réunies par Amnesty International, Nasser bin Ghaith a été arrêté à son lieu de travail à Abou Dhabi, mardi 18 août à 14 heures, par des agents de la Sûreté de l’État des Émirats arabes unis en civil qui l’ont ensuite emmené à son domicile à Dubaï. Ils ont fouillé les deux lieux et ont confisqué un certain nombre d’éléments. Pendant la fouille, Nasser bin Ghaith a demandé des explications aux agents qui auraient placé des clés USB qui ne lui appartenaient pas parmi les éléments « recueillis » à son domicile. Selon des témoins, il a déclaré qu’il « boycotterait » tout interrogatoire ou procès qui aurait lieu.
Selon des informations non confirmées, il est possible que Nasser bin Ghaith ait été arrêté pour avoir évoqué sur Twitter le massacre de Rabaa al-Adawiya en Égypte, la violente dispersion par les forces de sécurité de deux sit-ins en août 2013, au cours de laquelle des centaines de personnes avaient été tuées.
Complément d’information
Nasser bin Ghaith avait déjà été arrêté en avril 2011 et inculpé avec quatre autres militants, pour avoir « publiquement porté outrage » au président et au vice-président des Émirats arabes unis et au prince héritier d’Abou Dhabi dans des commentaires publiés sur un forum de discussion en ligne. Quelques semaines auparavant, il faisait partie d’un groupe de citoyens émiriens qui avaient signé une pétition appelant à des réformes politiques, notamment la mise en place du droit de vote pour les élections législatives.
Après plus de sept mois de détention, la Chambre de la sûreté de l’État de la Cour suprême fédérale avait condamné les cinq hommes le 27 novembre 2011, à l’issue d’un procès inique. Nasser bin Ghaith avait été condamné à deux ans d’emprisonnement et les accusés n’avaient pas été autorisés à faire appel de cette décision, en violation des normes internationales en matière d’équité des procès.
Ces hommes avaient été surnommés les « cinq des Émirats » et, grâce à la pression internationale, ils avaient tous les cinq été libérés à la faveur d’une grâce présidentielle le 28 novembre 2011. Cependant, il n’est pas certain que leur condamnation ait été effacée des registres officiels.