Sherif Osman, qui a la double nationalité égyptienne et américaine, et vit aux États-Unis depuis 2004, a publié en ligne plusieurs vidéos critiquant le gouvernement égyptien. Dans une vidéo diffusée une semaine avant son arrestation, le 6 novembre, il a appelé à l’organisation de manifestations durant la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27) en Égypte.
Sherif Osman se trouvait aux Émirats arabes unis, où il rendait visite à des membres de sa famille, lorsque des membres des forces émiriennes de sécurité en civil l’ont arrêté dans un restaurant à Dubaï le 6 novembre. Ils n’ont pas produit de mandat d’arrêt ni expliqué à cet homme et à sa famille très désemparée les raisons de son arrestation. Sherif Osman a été emmené dans une voiture banalisée. Des représentants des autorités émiriennes ont dit à son avocat un mois plus tard qu’ils avaient agi en réponse à une demande de l’Égypte.
« Les vacances en famille de Sherif Osman ont tourné au cauchemar après son arrestation arbitraire durant un repas avec ses proches. Cela fait un mois que sa famille et son avocat n’obtiennent que des réponses évasives. Malgré leurs efforts, ils n’ont toujours pas reçu le moindre document officiel confirmant son arrestation et son incarcération, ni d’informations sur de possibles poursuites ou les éléments retenus contre lui », a déclaré Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Les autorités des Émirats arabes unis doivent renoncer aux éventuels projets visant à renvoyer de force Sherif Osman en Égypte, où il serait exposé à un risque réel de torture et d’autres formes de mauvais traitements, de détention arbitraire, de disparition forcée et de procès inique, en raison de son opposition déclarée au gouvernement égyptien. L’envoyer en Égypte pour avoir exprimé ses opinions en ligne de manière pacifique constituerait une grave violation des obligations des Émirats arabes unis en vertu du droit international, et adresserait aux personnes s’opposant de manière non violente au gouvernement égyptien un message de mauvais augure selon lequel elles ne sont pas en sécurité, même hors des frontières égyptiennes. »
Les autorités émiriennes n’ont permis à Sherif Osman de signer de mandat de procuration qu’au bout d’un mois après son arrestation, et ne l’ont toujours pas autorisé à rencontrer son avocat. Il a pu parler avec sa famille au téléphone et lui dire qu’il était détenu à la prison d’al Awir depuis le 8 novembre.
Saija Virta, sa fiancée, a partagé avec Amnesty International ses notes concernant ses conversations téléphoniques avec Sherif Osman et les autorités émiriennes, ainsi que sa correspondance avec des responsables consulaires américains. Elle a déclaré :
« Nous n’avons absolument aucun document provenant des autorités émiriennes. On ne nous a donné aucune raison pour expliquer son incarcération. On ne nous a pas dit pourquoi il n’a pas été autorisé à s’entretenir avec un avocat pendant 32 jours. »
Avant et pendant la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27), les autorités égyptiennes ont arrêté des centaines de personnes en relation avec des appels à manifester. Les manifestations qui ont eu lieu à Charm El Sheikh, où la COP27 s’est déroulée, ont été fortement restreintes. Les dernières arrestations en date ont été menées dans le contexte de mesures de répression implacables contre toutes les formes d’opposition pacifique. Des milliers d’opposants politiques et de personnes ayant critiqué les autorités ont ainsi été placés en détention arbitraire dans des conditions éprouvantes.
En décembre 2023, tous les regards se tourneront vers la COP28, qui se tiendra à Dubaï, un des sept émirats des Émirats arabes unis. On craint de plus en plus que les Émirats arabes unis ne reproduisent les restrictions imposées à l’espace civique et aux manifestations vues lors de la conférence du mois dernier en Égypte.
« Le traitement infligé à Sherif Osman ne présage rien de bon pour la prochaine conférence des Nations unies sur le climat. Son arrestation a eu lieu durant la COP de 2022 dans l’État où elle aura lieu l’année prochaine, à la demande du pays d’accueil de cette année. Il semble avoir uniquement été arrêté pour avoir exercé le droit à la liberté d’expression. Il doit être remis en liberté immédiatement et sans condition, et la demande d’extradition le visant doit être abandonnée. Les autorités émiriennes doivent aussi s’engager à respecter les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique durant la COP28 », a déclaré Amna Guellali.