En Cisjordanie, des Palestiniens se retrouvent sans abri après la démolition de leurs maisons par Israël

Le jeudi 15 septembre au matin, les bulldozers de l’armée israélienne ont démoli trois maisons et des citernes d’eau dans le village d’Aqaba, dans le nord de la Cisjordanie, jetant à la rue 22 personnes, dont 12 enfants.

Depuis le début de l’année, plus de 750 Palestiniens en Cisjordanie ont été déplacés, leurs habitations ayant été démolies par l’armée israélienne, un chiffre presque cinq fois supérieur qu’en 2010 pour la même période, d’après le Bureau de l’ONU de la coordination des affaires humanitaires.

Les bulldozers ont détruit les maisons de Khaled Sbeih, Basem Sbeih et Abdel Nasser Sbeih, laissant sans abri les trois familles, qui n’ont pu sauver que quelques affaires.

« Nous n’avons pas été avertis. Nous avions reçu une lettre nous informant que nous n’avions pas de permis de construire, mais aucune date n’était mentionnée pour une démolition ou quelque chose de ce genre, a déclaré Khaled Sbeih à Amnesty International.

« Nous nous sommes réveillés le matin et les enfants sont allés à l’école. Lorsqu’ils sont revenus, nous n’avions plus de maison. Je n’ai pas trouvé les mots pour leur expliquer. »

Les bulldozers de l’armée israélienne ont aussi creusé une tranchée de plus de deux kilomètres pour la construction d’une route, dans le secteur du village.

Les voisins, dont les habitations sont aussi menacées par la démolition, ont proposé d’aider ces trois familles en leur donnant des tentes et les villageois s’apprêtent désormais à reconstruire leur logis avant l’hiver.

« Ces démolitions répétées qui expulsent de force des Palestiniens des terres sur lesquelles ils vivent depuis des générations sont choquantes et inutiles, a indiqué Philip Luther, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« La forte hausse des démolitions en Cisjordanie en 2011 démontre qu’il ne s’agit pas d’une erreur administrative, mais bien d’une politique consciente du gouvernement israélien visant à déloger les Palestiniens de ce secteur. »

Un centre d’entraînement militaire israélien est installé tout près d’Aqaba et l’armée mène fréquemment des simulations de raids dans le village.

On a retrouvé des munitions n’ayant pas explosé dans les collines environnantes, qui ont coûté la vie à plusieurs villageois palestiniens et en ont blessé des dizaines, dont des enfants, ces dernières années.

« Les autorités israéliennes semblent résolues à expulser ces villageois palestiniens afin d’agrandir leur terrain d’entraînement militaire. Elles doivent mettre un terme immédiat à ces expulsions cruelles et injustifiées et transférer la responsabilité de tous les projets de construction en Cisjordanie aux communautés palestiniennes », a affirmé Philip Luther.

La semaine dernière, l’armée israélienne a démoli trois abris à Umm al Khair, dans les collines au sud d’Hébron, en Cisjordanie, une autre zone menacée. Ces démolitions ont lieu sous prétexte que ces maisons sont construites sans que l’armée israélienne n’ait délivré de permis.

Cependant, il est quasiment impossible pour les Palestiniens d’obtenir des permis. Une ONG israélienne, Bimkom, a calculé en 2008 que 13 permis de construire seulement étaient accordés aux Palestiniens de Cisjordanie chaque année.

Les communautés qui sont exposées au risque de démolition habitent principalement dans ce que l’on appelle la Zone C, qui représente plus de 60 % du territoire de la Cisjordanie. Cette zone est totalement placée sous l’autorité d’Israël, tant pour la sécurité que pour les affaires civiles.

La Zone C abrite également des colonies israéliennes, qui continuent de s’agrandir aux dépens des terres palestiniennes.

Aux termes des Conventions de Genève, Israël est tenu de protéger les civils palestiniens qui vivent dans les territoires occupés et de respecter leur droit à bénéficier de conditions de vie décentes.

La politique d’Israël consistant à implanter ses civils sur des terres occupées viole les Conventions de Genève et est considérée comme un crime de guerre aux termes du statut de la Cour pénale internationale.

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