ENFANTS SOLDATS : Des générations d’enfants oubliés par les gouvernements - Selon un nouveau rapport, des enfants soldats seraient impliqués dans plus de vingt conflits

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Londres - Certains gouvernements font obstacle aux avancées réalisées pour
mettre un terme à l’utilisation d’enfants comme soldats, selon un collectif
international d’organisations humanitaires et de défense des droits humains
s’exprimant dans un rapport qui vient d’être publié.

La Coalition pour mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats publie ce
mercredi 17 novembre l’étude la plus complète à ce jour sur les enfants
soldats. Selon ce document, des enfants combattent dans presque tous les
conflits d’importance, aux côtés des forces gouvernementales et aux côtés
des forces d’opposition. Ils font partie des blessés, sont soumis à
d’horribles exactions et se font tuer.

La Coalition accuse les gouvernements de l’Union européenne, le G-8 et le
Conseil de sécurité des Nations unies de ne pas assumer leur rôle dirigeant.
Elle demande la mise en application immédiate de l’interdiction de faire
combattre des enfants.

« Les enfants doivent être protégés de la guerre et non utilisés en tant que
combattants. Au lieu de cela, des générations entières se font voler leur
enfance par des gouvernements et des groupes armés, a déclaré Casey Kelso,
responsable de la Coalition pour mettre fin à l’utilisation d’enfants
soldats.

« Un monde qui n’autoriserait pas les enfants à faire la guerre est
possible, mais les gouvernements doivent faire preuve de volonté politique
et de courage pour cela en faisant respecter le droit international. »

Le rapport 2004 sur les enfants soldats passe en revue les tendances et
évènements qui se sont produits depuis 2001 dans 196 pays. Malgré quelques
améliorations, la situation reste la même ou a empiré dans un certain nombre
de pays. La fin de la guerre en Afghanistan, en Angola et en Sierra Leone a
conduit à la démobilisation de 40.000 enfants, mais plus de 25.000 ont été
entraînés dans les seuls conflits de Côte d’Ivoire et du Soudan.

Les occasions de progrès, notamment l’adoption d’un traité des Nations unies
sur les enfants soldats, la création de programmes de démobilisation dans
certains pays et l’élan en faveur de poursuites judiciaires pour les
personnes soupçonnées d’enrôler des enfants, ont été mises à mal par des
gouvernements qui ont rompu leurs promesses ou n’ont pas su montrer la
direction politique à suivre.

Bien que le Conseil de sécurité des Nations unies ait condamné l’enrôlement
d’enfants soldats et surveille les pays recrutant des enfants pour mener
leurs guerres, certains membres ont bloqué tout progrès réel en s’opposant à
ce que des pénalités concrètes soient imposées à ceux qui violent cette
interdiction. Selon la Coalition, le Conseil de sécurité devrait prendre des
mesures immédiates et décisives pour sortir les enfants des conflits en
appliquant des sanctions ciblées et en poursuivant devant le Tribunal pénal
international ceux qui enrôlent des enfants comme soldats.

Les groupes armés, paramilitaires soutenus par les gouvernements et forces
d’opposition, sont les principaux coupables en matière de recrutement et
d’utilisation d’enfants soldats. Des dizaines de groupes, dans au moins 21
conflits, ont recruté des dizaines de milliers d’enfants depuis 2001, les
forçant à combattre, les entraînant au maniement d’armes et d’explosifs,
leur faisant subir des viols, des violences et les soumettant au travail
forcé.

Des filles et des garçons ont par exemple été soumis, au sein des Forces
armées révolutionnaires de Colombie, à des « conseils de guerre » pour des
motifs disciplinaires et dans quelques cas, des enfants ont été forcés
d’exécuter leurs camarades. Dans l’est de la République démocratique du
Congo, des groupes armés ont abusé sexuellement et violé des filles et
contraint des enfants à tuer des membres de leur propre famille.

Selon la Coalition, tous les groupes armés doivent protéger les enfants des
conflits ou répondre de leurs actes devant la justice.

Des gouvernements, notamment ceux du Burundi, de la République démocratique
du Congo, du Myanmar, du Soudan et des États-Unis, ont envoyé des enfants
sur les lignes de front dans au moins dix conflits. D’autres, notamment la
Colombie, l’Ouganda et le Zimbabwe ont accordé leur soutien à des groupes
paramilitaires et à des milices ayant recours à des enfants soldats. Des
États comme l’Indonésie et le Népal utilisent les enfants comme
informateurs, espions ou messagers.

Certains gouvernements, notamment le Burundi, l’Indonésie et la Fédération
de Russie ont tué, torturé ou détenu arbitrairement des enfants soupçonnés
de soutenir l’opposition armée. Les États-Unis détiennent sans inculpation
depuis 2003 plus de 280 enfants comme « prisonniers de guerre », parmi
lesquels des « combattants illégaux » auxquels est refusée la protection du
droit américain et du droit international à Guantanamo Bay, à Cuba. Des
enfants palestiniens ont été torturés et menacés par les forces israéliennes
pour les contraindre à devenir des informateurs.

Les gouvernements occidentaux ont manqué à leurs engagements de protéger les
enfants, en fournissant un soutien et un entraînement militaire à des
gouvernements ayant recours à l’utilisation d’enfants soldats, comme le
Rwanda et l’Ouganda.

La Coalition appelle les gouvernements à interdire le recrutement de toute
personne âgée de moins de dix-huit ans au sein de forces armées quelles
qu’elles soient et à ratifier et mettre en application le traité des Nations
unies relatif aux enfants soldats qui devrait aider à faire diminuer le
nombre d’enfants utilisés dans les hostilités.

Au moins 60 gouvernements, parmi lesquels l’Australie, l’Autriche,
l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis, continuent de
recruter légalement des mineurs âgés de 16 ou 17 ans.

Notes

1. Le Comité directeur de la Coalition pour mettre fin à l’utilisation
d’enfants soldats est constitué d’Amnesty International, Défense des enfants
 International (DEI), Human Rights Watch, de la Fédération internationale
Terre des hommes, de l’Alliance internationale d’aide à l’enfance, du
Service jésuite des réfugiés (JRS), du Bureau de la société des amis auprès
des Nations unies (Genève) et de l’Organisation internationale de
perspective mondiale.

2. Le traité des Nations unies sur les enfants soldats fait référence au
protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant,
concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés. Ce protocole
interdit la participation d’enfants âgés de moins de dix-huit ans aux
hostilités et les enrôlements forcés d’enfants. Il appelle les États à
repousser l’âge minimum pour les recrutés volontaires. Quatre-vingt cinq
États l’avaient ratifié et 116 l’avaient signé en octobre 2004.

Pour consulter le rapport dans son intégralité (en anglais), consulter le
site :

http://www.child-soldiers.org/ <http://www.child-soldiers.org/>

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