ENFANTS SOLDATS : L’utilisation d’enfants soldats n’a pas diminué

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE LA COALITION INTERNATIONALE POUR METTRE FIN À
L’UTILISATION D’ENFANTS SOLDATS

New York, 19 janvier 2004 - Des enfants ont continué d’être utilisés comme
soldats, esclaves sexuels, travailleurs, porteurs ou espions tout au long de
l’année 2003 aussi bien dans les conflits récemment apparus que dans ceux
plus anciens. C’est ce que fait ressortir le rapport rendu public par la
Coalition pour mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats ce lundi 19
janvier 2004, à la veille du quatrième débat public du Conseil de sécurité
des Nations unies sur les enfants dans les conflits armés.

Ce rapport montre, preuves à l’appui, que des gouvernements et des groupes
armés recrutent et utilisent des enfants soldats dans de nombreux conflits
dans le monde. La Coalition lance un appel au Conseil de sécurité pour qu’il
insiste sur la nécessité de mettre fin au recrutement d’enfants et s’engage
à agir pour mettre un terme à cette pratique.

« Le secrétaire général a nommé publiquement les gouvernements et groupes
armés utilisant des enfants dans les conflits. Il incombe maintenant au
Conseil de sécurité de demander à ces gouvernements et ces groupes de rendre
compte de leurs actes », a déclaré Casey Kelso, coordonnateur de la
Coalition.

Le rapport de 50 pages sur l’utilisation d’enfants soldats en 2003 est
destiné à aider le Conseil de sécurité à formuler des solutions concrètes
lors de son débat annuel sur les enfants dans les conflits armés, prévu le
mardi 20 janvier 2004. Le rapport de la Coalition cite 18 pays d’Afrique,
d’Asie, d’Amérique latine et du Moyen Orient où l’utilisation d’enfants
soldats fait toujours partie des graves atteintes aux droits humains
perpétrées pendant ou après les conflits armés.

Le rapport de la Coalition montre que dans de nombreux conflits, comme en
Côte d’Ivoire, dans certaines régions de la République démocratique du Congo
(RDC) et au Libéria, le recrutement d’enfants soldats a fortement augmenté
en 2003. Des rapports horrifiants sont parvenus de RDC, faisant état
d’enfants violés et torturés, contraints de commettre des atrocités contre
des civils. Les enlèvements d’enfants dans le nord de l’Ouganda par la
Lord’s Resistance Army (LRA, Armée de résistance du Seigneur) n’ont jamais
été aussi nombreux en dix-sept ans de conflit. Dans le nord de l’Ouganda,
des milliers d’enfants continuent de fuir leurs maisons de nuit pour éviter
d’être enlevés et contraints aux combats brutaux et à la servitude.

Au Myanmar, très peu de progrès ont été constatés en ce qui concerne
l’utilisation d’enfants soldats ; on estime à environ 70 000 le nombre
d’enfants dans les rangs de l’armée gouvernementale. Des enfants en exil ont
raconté avoir été enlevés par les forces gouvernementales et emmenés dans
des camps militaires où ils étaient battus, contraints au travail forcé et
envoyés au combat. Des informations récentes en provenance de Colombie
montre que le nombre d’enfants utilisés par des groupes armés pourrait avoir
atteint les 11 000 ces dernières années ; des enfants âgés de douze ans
seraient entraînés à manier des armes et des explosifs et participeraient
aux opérations. A Sri Lanka, l’enrôlement forcé d’enfants par le groupe armé
d’opposition des Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul se poursuit, malgré
les promesses des LTTE de démobiliser les enfants enrôlés dans leurs rangs.

La Coalition recommande aux membres du Conseil de sécurité :

 de veiller à l’existence d’une liste mise à jour chaque année de toutes
les parties engagées dans des conflits armés et recrutant ou utilisant des
enfants soldats ;

 de demander à toutes les parties figurant sur cette liste de fournir -
dans les quatre-vingt dix jours - des informations concernant les mesures
prises pour mettre un terme à l’enrôlement et à l’utilisation d’enfants
soldats ;

 de désigner un représentant des Nations unies pour entamer des discussions
avec tous ceux qui utilisent des enfants soldats et de les aider à
développer des plans d’action pour mettre un terme à ces pratiques ;

 de vérifier que les forces et groupes armés mettent en application ces
plans d’action ;

 de stopper l’afflux d’armes, en particulier d’armes légères, à destination
de ceux qui recrutent et utilisent des enfants soldats ;

 de mettre en œuvre d’autres moyens encore pour faire appliquer au niveau
international l’interdiction d’utiliser des enfants soldats, par exemple en
imposant des restrictions dans leurs déplacements aux dirigeants utilisant
des enfants au sein de leur armée ; en leur interdisant d’assister à des
manifestations internationales ; en mettant un terme à toute assistance
militaire aux gouvernements ou groupes utilisant des enfants soldats et en
limitant les ressources financières allant aux parties concernées.

« En adoptant résolution après résolution sans réussir à protéger les
enfants dans les conflits, on a créé un phénomène de lassitude vis-à-vis de
ces résolutions parmi les gouvernements des pays représentés aux Nations
unies et suscité le cynisme du public, a déclaré Casey Kelso de la
Coalition. Les Nations unies doivent faire davantage d’efforts et exiger des
gouvernements et des groupes utilisant des enfants soldats qu’ils rendent
des comptes. Le Conseil doit agir pour mettre un terme à l’envoi d’armes à
destination de ceux qui violent l’interdiction et appliquer des sanctions
ciblées vis-à-vis des parties qui ne mettront pas fin à l’utilisation
d’enfants soldats. »

La Coalition pour mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats regroupe des
organisations et des colations régionales, nationales et internationales
d’Afrique, d’Asie, d’Europe, d’Amérique latine et du Moyen Orient. Ses
membres fondateurs sont : Amnesty International ; Défense des enfants
 International ; Human Rights Watch ; Terre des Hommes ; l’Alliance
internationale d’aide à l’enfance ; le Service jésuite des réfugiés ; le
Bureau de la société des amis auprès des Nations unies à Genève et
l’Organisation internationale de perspective mondiale.

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