Enquêter sur les conditions de travail de l’entreprise Wilmar

La campagne que mène le géant agroalimentaire Wilmar pour dissimuler l’exploitation par le travail que dénonce Amnesty International dans un rapport accablant bénéficie du manque de détermination du gouvernement indonésien à enquêter sur les allégations visant l’entreprise productrice d’huile de palme.

Alors que les autorités ont annoncé la création d’une force spéciale chargée d’enquêter sur les atteintes aux droits humains exposées dans le rapport intitulé Le scandale de l’huile de palme. De grandes marques tirent profit de l’exploitation des ouvriers, on ne constate aucune avancée. Pendant ce temps, Wilmar tente d’intimider ses employés pour qu’ils démentent les accusations.

« Les ouvriers des plantations vivent dans la peur des représailles s’ils dénoncent leurs conditions de travail, craignant par exemple d’être éloignés de leurs familles en étant mutés dans une autre plantation, ou de perdre leur emploi, a déclaré Seema Joshi, responsable de l’équipe Entreprises et droits humains à Amnesty International.

« L’inaction du gouvernement concernant les violations flagrantes des droits humains exposées dans notre rapport n’aide en rien à les sortir de cette situation délicate. »

Lors d’une réunion avec des syndicalistes en janvier, Wilmar a demandé aux ouvriers de signer un document attestant que les atteintes dénoncées dans le rapport d’Amnesty International n’avaient pas lieu dans leurs plantations.

« Les déclarations signées que Wilmar obtient de ses employés sous ces contraintes, notamment la menace de licenciement, n’ont aucune valeur juridique, a déclaré Seema Joshi.

« La réaction de Wilmar face aux violations pointées dans notre rapport est inquiétante. L’entreprise cherche à discréditer publiquement les éléments de preuve présentés par Amnesty International. »

Wilmar a recouru à ces méthodes après qu’il a été relaté dans les médias que le gouvernement indonésien allait mener une enquête approfondie sur les problèmes mis en avant par Amnesty International dans son rapport.

« Nous saluons la volonté du gouvernement indonésien de mettre en œuvre la responsabilisation des entreprises vis-à-vis des droits humains. Cependant, trois mois après la publication du rapport, toujours aucune action en vue. Une enquête doit être menée sans délai, a déclaré Seema Joshi.

« À la lumière des manœuvres de Wilmar visant à discréditer notre rapport et de son incapacité à remédier aux préoccupations qu’il soulève, les autorités indonésiennes doivent aujourd’hui tenir leur promesse et mettre sur pied une force spéciale chargée d’enquêter sur les conditions de travail dans les plantations de Wilmar. »

Le bureau de Wilmar à Singapour a déclaré que les questions soulevées par Amnesty International sont activement débattues par la direction des activités des plantations de Wilmar, et que leur enquête se poursuit.

L’entreprise a déclaré qu’elle mènera ce processus jusqu’au bout afin de répondre à toutes les questions mises en avant, et qu’elle publiera l’intégralité de ses conclusions. Elle a ajouté que les syndicalistes mentionnés avaient signé de leur plein gré.

Toutefois, la réponse publique de Wilmar ne semble pas en phase avec les actions qu’elle mène en coulisses.

Complément d’information :

  Dans son rapport intitulé Le scandale de l’huile de palme. De grandes marques tirent profit de l’exploitation des ouvriers, Amnesty International révélait que les pratiques abusives mises en œuvre dans les plantations de Wilmar sont notamment le travail des enfants, le travail forcé, l’exposition à des conditions dangereuses et la discrimination endémique à l’égard des femmes. Ces pratiques bafouent la législation indonésienne, constituant parfois des infractions pénales.
  Trois mois après la publication du rapport, aucune des compagnies citées n’a pris de mesures actives pour faire cesser les abus dans ses plantations, ni fourni aucun recours aux victimes d’atteintes aux droits humains.
  Alors qu’elle s’est engagée à enquêter sur les conclusions du rapport et a annoncé qu’elle allait engager une société de conseil dans ce but, Wilmar n’a pas, à la connaissance d’Amnesty International, tenté de résoudre les problèmes majeurs que sont notamment les objectifs élevés et le paiement à la pièce, qui contribuent au travail des enfants, l’exploitation des ouvrières et le non-paiement du salaire minimum.

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