Publié le mardi 9 avril 2024, un rapport [1] démontre que de nombreuses grandes entreprises ne mettent pas en place les mesures nécessaires au respect de l’objectif international de limiter le réchauffement climatique au cours de ce siècle à 1,5°C
« Les principales victimes des conséquences du réchauffement de la planète sont les communautés marginalisées qui vivent en première ligne de la crise climatique. Ces conclusions révèlent que les personnes déjà les plus exposées continueront de payer le prix fort d’une culture de l’irresponsabilité climatique des entreprises encouragée dans les conseils d’administration qui se tiennent à des milliers de kilomètres, a déclaré Candy Ofime, chercheuse sur la justice climatique pour Amnesty International.
« De nombreuses entreprises exploitant les énergies fossiles continuent de développer leurs activités, comme si de rien n’était »
« Au lieu de prendre les mesures urgentes nécessaires pour empêcher l’escalade de la crise climatique et pour éviter de bafouer les droits humains de milliards de personnes, beaucoup de grandes entreprises cherchent à tromper les consommateurs, les actionnaires et les contribuables avec du greenwashing et des promesses vides de sens.
« Invariablement, ces engagements prennent la forme de vagues plans pour réduire de façon marginale leurs émissions, d’un recours à des technologies n’ayant pas fait leurs preuves, ou de programmes douteux de comptabilité ou de compensation des émissions. Pendant ce temps-là, de nombreuses entreprises exploitant les énergies fossiles continuent de développer leurs activités, comme si de rien n’était.
« Les gouvernements doivent maintenant intervenir pour adopter des règles et des politiques contraignantes pour les grandes entreprises, qui sont bien souvent détenues ou soutenues par l’État, afin d’accélérer la réduction des émissions, et agir avec fermeté contre celles qui ne font rien pour atténuer le réchauffement climatique. »
Complément d’information
L’étude annuelle de suivi de la responsabilité climatique des entreprises [2] (Corporate Climate Responsibility Monitor 2024) produite par les organisations NewClimate Institute [3] et Carbon Market Watch [4] s’est penchée sur les engagements pris à l’horizon 2030 par 51 grandes entreprises des secteurs de l’automobile, de l’énergie, de la mode, de l’agriculture et de la distribution.
Des études [5] ont montré que 80 % des émissions de CO2 enregistrées entre 2016 et 2022 pouvaient être attribuées à seulement 57 entreprises productrices de ciment ou d’énergies fossiles. Shell a récemment revu à la baisse ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et vient de faire appel d’une décision de la justice néerlandaise h [6] rendue en 2021 l’obligeant à réduire ses émissions absolues de carbone, notamment issues des produits du pétrole et du gaz qu’elle vend, de 45 % d’ici à 2030. Amnesty International demande un abandon total, juste, rapide et financé des combustibles fossiles et une transition équitable vers les énergies renouvelables.