« Il est très préoccupant de constater qu’au lendemain de la suspension de l’état d’urgence, l’Équateur prétend effacer et oublier les violations des droits humains dues au recours excessif à la force de la part de la police et de l’armée contre les manifestants et manifestantes. S’ils ne réclament pas la vérité et la justice, les pays membres de l’Organisation des États américains tourneront le dos aux victimes de ces violations et favoriseront l’impunité », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice d’Amnesty International pour les Amériques.
La médiatrice de l’Équateur a annoncé que, entre le 3 et le 13 octobre 2019, 1 192 personnes ont été arrêtées, 1 340 ont été blessées et huit ont trouvé la mort dans le contexte de l’état d’urgence.
La médiatrice a recensé de nombreux cas de recours à une force excessive, de détentions arbitraires et d’actes de torture et autres mauvais traitements contre la population, notamment des journalistes et des défenseurs et défenseures des droits humains, ainsi que des intrusions violentes sur des propriétés privées, de la part des forces de sécurité. Elle a en outre signalé des tirs de gaz lacrymogène et de munitions avec billes en caoutchouc effectués sans discernement contre les personnes et les universités qui offraient une aide humanitaire à la population. Parmi les personnes touchées se trouvaient des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.
Lorsque des actes de violence perpétrés par des manifestants et manifestantes ou d’autres groupes sont signalés, les autorités doivent prendre toutes les mesures appropriées pour faire face à ces violences, sans cesser de veiller à ce que celles et ceux qui manifestent de façon pacifique puissent continuer à le faire ; elles doivent également mener toutes les enquêtes nécessaires pour que les auteurs de ces actes soient traduits en justice dans le respect des procédures, et jugés équitablement.
En outre, Amnesty International appelle de nouveau le gouvernement du président Lenín Moreno à faire en sorte que les mesures d’austérité, telles que celles à l’origine des manifestations de grande ampleur qui ont eu lieu dans le pays, soient élaborées et appliquées d’une manière qui respecte le droit international relatif aux droits humains. L’État doit veiller à ce que ces mesures soient temporaires, raisonnables et proportionnées, vérifier qu’il n’existe pas d’autres solutions moins restrictives, et garantir la participation effective des personnes et groupes concernés.