Les arrestations des journalistes, entre le 21 et le 23 septembre 2001, ont suivi celle, le 18 septembre 2001, de personnalités politiques désignées communément sous l’appellation « Groupe des 15 », ainsi que l’interdiction des médias indépendants après la publication d’une lettre ouverte appelant à des réformes.
« Il est inadmissible que ces courageux prisonniers d’opinion languissent encore en prison 20 ans après leur arrestation pour avoir simplement exercé leurs droits humains, sans aucune information fournie par les autorités sur leur situation actuelle, et que l’interdiction des médias soit toujours en vigueur, a déclaré Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.
« Les jours sont devenus des mois, les mois des années, et maintenant les années deviennent des décennies d’angoisse sans fin pour ces détenus et leurs proches. Nous demandons instamment au président Isaias Afewerki de prendre des mesures fortes pour mettre fin à cette parodie de justice. »
« Il est inadmissible que ces courageux prisonniers d’opinion languissent encore en prison 20 ans après leur arrestation pour avoir simplement exercé leurs droits humains, sans aucune information fournie par les autorités sur leur situation actuelle, et que l’interdiction des médias soit toujours en vigueur »
Les journalistes arrêtés entre le 21 et le 23 septembre 2001 sont Dawit Isaak, Seyoum Tsehaye, Dawit Habtemichael, Mattewos Habteab, Fesseaye « Joshua » Yohannes, Amanuel Asrat, Temesegn Gebreyesus, Saïd Abdelkader, Yosuf Muhamed Ali et Medhanie Haile. Les personnalités politiques emprisonnées – toutes membres du Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ), parti au pouvoir – comptent dans leurs rangs l’ancien vice-président Mahmoud Ahmed Sheriffo et son ex-épouse Aster Fissehatsion, héroïne de la guerre d’indépendance, ainsi que les anciens ministres des Affaires étrangères Haile Woldetensae et Petros Solomon. Certaines sources ont indiqué que neuf de ces responsables politiques et journalistes étaient morts en détention. Les autorités érythréennes refusent toutefois de confirmer cette information.
« Beaucoup d’autres personnalités politiques, journalistes et militant·e·s ont également été arrêtés et détenus sans inculpation avant septembre 2001 et depuis lors. Ils doivent aussi être libérés », a déclaré Deprose Muchena
Parmi les détenus de premier plan en Érythrée figurent l’ancien ministre des Finances Berhane Abraha, qui a été arrêté en septembre 2018 après avoir publié un livre jugé critique à l’égard d’Isaias Afewerki, et Ciham Ali, fille d’Ali Abdu, ancien ministre de l’Information ayant fait défection, qui a été arrêtée en 2012 à l’âge de 15 ans alors qu’elle tentait de fuir le pays.
Amnesty International a recueilli des informations sur les conditions carcérales déplorables en Érythrée, qui s’apparentent parfois à un traitement cruel, inhumain ou dégradant. Dans le pays, les prisons sont généralement surpeuplées, l’accès à des installations sanitaires y est insuffisant et la nourriture et l’eau de boisson y sont de mauvaise qualité.