Eswatini, l’enquête sur l’assassinat de Thulani Maseko doit être indépendante et transparente

En Eswatini (ex-Swaziland), les autorités doivent veiller à ce que l’enquête sur l’homicide illégal de l’avocat défenseur des droits humains Thulani Maseko soit totalement indépendante, impartiale, transparente et efficace, un mois après que des bandits armés non identifiés l’ont abattu.

« Un mois après l’assassinat de Thulani Maseko, on ignore toujours quelles mesures ont été prises pour faciliter une enquête indépendante visant à identifier et traduire en justice les auteurs de ce crime. Amnesty International invite les autorités à révéler comment elles entendent s’assurer que cette enquête soit approfondie, impartiale et transparente, a déclaré Vongai Chikwanda, directrice adjointe pour l’Afrique australe à Amnesty International.

« Il est absolument crucial que les preuves ne soient pas falsifiées. En tant qu’État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), l’Eswatini est tenu d’enquêter sur tout meurtre illégal. S’il n’enquête pas sur l’homicide illégal de Thulani Maseko et ne traduit pas les responsables en justice, il bafouerait alors ses obligations au titre du PIDCP. »

L’homicide illégal du défenseur des droits humains et avocat Thulani Maseko le 21 janvier s’inscrit dans le cadre d’une multiplication des attaques contre les détracteurs du pouvoir, dont beaucoup appellent de leurs vœux des réformes politiques en Eswatini.

Thulani Maseko a été abattu de trois balles tirées à faible distance à travers la fenêtre de son domicile par des tireurs non identifiés. Un journal local a relaté que deux policiers assuraient la surveillance de son domicile avant qu’il ne soit tué. Selon certaines informations, ces policiers seraient ceux qui se sont rendus sur la scène de crime après sa mort.

Des organisations intergouvernementales comme la Communauté de développement d’Afrique australe, l’Union africaine et l’Union européenne, ainsi que la communauté de défense des droits humains, dont Amnesty International, réclament une enquête complète et transparente sur cet homicide.

« Chaque jour qui passe sans engagement ni action des autorités en faveur d’une enquête indépendante et transparente ne fait qu’ajouter à la douleur de la famille de Thulani Maseko. Ce crime brutal ne doit pas être étouffé ni balayé sous le tapis. Les responsables doivent être traduits en justice, a déclaré Vongai Chikwanda.

« Parallèlement, les autorités d’Eswatini doivent veiller à ce que les habitant·e·s vivent en sécurité et puissent exercer leurs droits fondamentaux librement et sans subir de représailles, notamment les militant·e·s politiques et les défenseur·e·s des droits humains. »

Complément d’information

Le 21 janvier, Thulani Maseko a été abattu par des tireurs inconnus chez lui, à Luyengo, à Mbabane.

Avant sa mort, il présidait le Multi-Stakeholders Forum, un groupe de partis politiques et d’organisations de la société civile appelant à entreprendre des réformes démocratiques dans le pays.

La monarchie en Eswatini est fermement opposée au militantisme et à toute forme de réforme politique. La veille du meurtre de Thulani Maseko, le roi Mswati III aurait mis en garde ceux qui prônent une réforme démocratique dans le pays , déclarant que certains allaient « s’occuper d’eux ».

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