« Les manifestations qui ont lieu un peu partout en Eswatini sont la conséquence des années pendant lesquelles la population, notamment la jeunesse, a été privée de droits politiques, économiques et sociaux, et de la récente intensification de la répression de la dissidence par les autorités. La défense des droits humains et l’expression d’opinions critiques sont sanctionnées pénalement et les autorités répriment systématiquement l’exercice de la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, a déclaré Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.
« Des manifestants des quatre districts de l’Eswatini, en particulier des jeunes, descendent maintenant dans la rue pour réclamer des réformes politiques, et les autorités doivent veiller à ce que les gens puissent exprimer leurs revendications sans craindre de subir des actes d’intimidation ou de violence. Selon certaines informations, les forces de sécurité ont tué au moins un manifestant par balle et grièvement blessé sept manifestants. Les autorités doivent mener sans délai une enquête indépendante et impartiale sur ces informations et veiller à ce que tous les responsables présumés, y compris les personnes exerçant des fonctions de commandement, soient traduits en justice dans le cadre de procès équitables.
« Les autorités doivent veiller à ce que la force ne soit employée que lorsque cela est strictement nécessaire et proportionné. Elles ne doivent pas utiliser comme prétexte les actes violents de quelques-uns pour restreindre ou empêcher l’exercice des droits des personnes qui continuent à manifester pacifiquement. »
Complément d’information
Des manifestations « en faveur de la démocratie » ont débuté le mois dernier dans le royaume d’Eswatini, après la mort dans des circonstances mystérieuses d’un étudiant en droit de 25 ans, Thabani Nkomonye, qui aurait été tué par la police. Sous l’impulsion des jeunes, les manifestants et manifestantes réclament des réformes politiques.
Les activités militantes à caractère politique sont réprimées depuis des années dans le royaume d’Eswatini, dernière monarchie absolue du continent africain. Les autorités se servent de lois répressives, notamment de la Loi de 1938 relative à la sédition et aux activités subversives et de la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme, pour réduire au silence les personnes critiques à leur égard. Des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des militant·e·s politiques ont été emprisonnés simplement pour avoir dénoncé la répression de la dissidence.