Alors que de nombreux contacts ont été entrepris depuis plusieurs années auprès du Ministère des Affaires étrangères pour les alerter de la situation préoccupante d’Ali Aarrass, Amnesty International et la LDH interpellent une nouvelle fois la Belgique pour qu’elle intervienne d’urgence en faveur de ce Belgo-Marocain en grève de la faim et dont l’état de santé devient extrêmement alarmant.
« Nous sommes consternés par la réaction passive des autorités belges. Malgré nos appels répétés, elles n’ont toujours pas rendu visite à l’un de leurs ressortissants, victime de torture et incarcéré dans des conditions difficiles au Maroc. Nous exhortons Monsieur Reynders, ministre des Affaires étrangères, à prendre ses responsabilités et à faire tout ce qui est en son pouvoir pour venir en aide à Ali Aarrass », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.
Détenu depuis décembre 2010, victime d’actes de torture et d’autres mauvais traitements, le Belgo-Marocain de 53 ans est en grève de la faim depuis 58 jours pour notamment dénoncer ses conditions de détention et clamer son innocence. La Belgique, en apportant jusqu’ici des réponses insuffisantes, ne prend de fait pas ses responsabilités.
Amnesty et la LDH demandent à la Belgique de veiller à ce qu’Ali Aarrass ait immédiatement accès à des soins médicaux et qu’il soit protégé de tout nouveau mauvais traitement. Il faut également que le Maroc traduise dans les faits la décision du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire l’appelant à libérer immédiatement Ali Aarrass et à lui accorder des réparations satisfaisantes.
Complément d’information
Ali Aarrass est détenu au Maroc depuis le 14 décembre 2010, date à laquelle il a été renvoyé de force dans ce pays par les autorités espagnoles. Il a déclaré avoir été maintenu au secret et torturé pendant 12 jours dans un centre de détention secret géré par la Direction générale de la surveillance du territoire.
Le Belgo-Marocain purge une peine de 12 ans d’emprisonnement après avoir été condamné pour sa participation présumée à un groupe criminel et pour avoir fourni des armes à ce réseau. Cette condamnation a été prononcée sur la foi d’« aveux » qui, selon ses dires, lui ont été extorqués sous la torture.
Ali Aarrass s’est mis en grève de la faim le 25 août 2015 pour exhorter les autorités marocaines à le libérer, deux ans après la décision du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire les appelant à le remettre immédiatement en liberté au motif qu’il n’avait été condamné que sur la base d’« aveux » arrachés sous la torture. Il veut également protester contre les retards considérables enregistrés par l’enquête des autorités judiciaires sur ses allégations de torture, ainsi que contre l’absence de décision de la Cour de cassation, auprès de laquelle il a formé un recours contre sa condamnation il y a près de trois ans.