Les États européens doivent prendre des mesures concrètes afin d’aider à la fermeture de Guantánamo

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI -
Lundi 11 janvier 2010

Aujourd’hui, des organisations de renom spécialisées dans la défense des droits humains ont demandé que davantage d’États européens accueillent sur leur sol des détenus incarcérés au centre de détention américain de Guantánamo, qui ne peuvent être renvoyés dans leur pays d’origine car ils risquent d’y être soumis à la torture et à d’autres violations des droits humains.

À l’occasion du huitième anniversaire des premiers transferts à Guantánamo, ces organisations ont exhorté d’autres pays, dont l’Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et la Suède à faire davantage pour permettre le transfert d’une cinquantaine d’hommes qui restent pris au piège après des années de détention illégale.

« Bien que plusieurs pays aient déjà montré l’exemple, il est décevant de constater que seuls quelques gouvernements européens ont pris la décision d’aider ceux qui ont besoin de protection
, a déploré Sharon Critoph, chargée d’action sur les États-Unis à Amnesty International. Parmi les gouvernements les moins actifs sur ce terrain figurent ceux qui ont réclamé avec le plus de vigueur la fermeture de Guantánamo. »

Reprieve, le Center for Constitutional Rights et l’ancien détenu de Guantánamo Moazzam Begg, de l’organisation Cage Prisoners, donnent aujourd’hui le coup d’envoi d’une tournée européenne ayant pour objectif de convaincre davantage de pays de donner à ces hommes une terre d’accueil. Cette tournée passera par diverses sections nationales d’Amnesty International.

La seule raison pour laquelle ces hommes sont maintenus en détention tient au manque de lieux sûrs pour les accueillir. Ils ont tout simplement été abandonnés à Guantánamo. Leur difficile situation représente l’un des principaux obstacles à la fermeture du centre de détention.

Plusieurs pays européens ont déjà pris la décision honorable de proposer un refuge à certains de ces détenus, conformément aux objectifs affichés lors de l’accord conclu entre les États-Unis et l’Union européenne à propos de la fermeture de Guantánamo. Ces pays sont la Belgique, la France, la Hongrie, l’Irlande et le Portugal. En cette date événement, les groupes de défense des droits humains exhortent les autres États à leur emboîter le pas.

Ces hommes sont originaires de pays tels que la Chine, la Libye, la Russie, la Syrie et la Tunisie, où ils risqueraient fortement d’être soumis à la torture ou à d’autres violations de leurs droits fondamentaux s’ils y étaient renvoyés.

Le gouvernement américain recherche des pays sûrs, prêts à donner à ces hommes une chance de reconstruire leur vie ; c’est à lui qu’échoit en priorité la responsabilité de trouver des solutions pour l’ensemble des détenus de Guantánamo.

La communauté internationale, qui a à de nombreuses reprises demandé la fermeture de ce centre de détention, peut cependant aider à atteindre ce but en accueillant certains de ces hommes.

Guantánamo reste un sinistre symbole d’injustice. Les groupes de défense des droits humains ont fait part de leur préoccupation à l’idée que le centre de détention reste ouvert au-delà du 22 janvier 2010, alors que le président américain Barack Obama s’était engagé à le fermer avant cette date. Si d’autres pays européens ne se portent pas volontaires dès maintenant pour aider à atteindre cet objectif, certains des détenus les plus vulnérables risquent fort d’être renvoyés de force dans un pays où ils pourraient être victimes de violations.

« La décennie écoulée a été marquée par l’érosion de l’état de droit et du respect international pour les droits humains. Guantánamo symbolise toutes ces dérives et doit désormais être fermé, a déclaré Sophie Weller du Center for Constitutional Rights. Les hommes qui s’y trouvent encore faute de pays d’accueil sûr continuent chaque jour à payer le prix de l’inaction et du retard enregistré dans la réalisation de cet objectif. »

« De nombreux gouvernements européens se sont élevés contre le maintien en détention de ces hommes à Guantánamo Bay. Ils ont désormais le pouvoir de faire quelque chose pour y remédier, a ajouté Clive Stafford Smith, le directeur de Reprieve. L’action a plus de poids que les mots dans ce cas ; il est donc temps de traduire les beaux discours en actes et d’obtenir la fermeture de Guantánamo le plus rapidement possible. »

Informations générales

Les organisations de défense des droits humains saluent les actions menées par les pays (Belgique, France, Hongrie, Irlande, Portugal) ayant déjà accepté d’apporter leur concours, mais ont fait part de leur déception face au fait que les autres n’aient pas pris de mesures concrètes en accord avec la déclaration des États-Unis et de l’Union européenne sur la fermeture de Guantánamo Bay. Cette déclaration, rendue publique le 16 juin 2009, faisait état de la volonté de certains États membres de l’Union européenne d’aider à l’accueil d’anciens détenus, au cas par cas.

Près de sept mois après cette déclaration, seuls sept anciens détenus ont été accueillis en Europe comme des hommes libres. Dix autres ont été envoyés aux Bermudes et aux Palaos, et deux transférés vers l’Italie où ils pourraient être rejugés. Quelque 50 autres ont encore besoin de protection.

La tournée inclura des visites dans un certain nombre de pays européens – dont le Luxembourg, la Suède et l’Allemagne – susceptibles de réserver un accueil sûr et adapté à des détenus de Guantánamo, donnant ainsi une chance à ces derniers de reconstruire leur vie.

Les organisations demanderont également aux responsables gouvernementaux de pays ayant déjà pris des détenus en charge de partager leur expérience, ainsi que des exemples de bonnes pratiques, avec leurs homologues de pays envisageant peut-être de faire de même.

En tout, 198 personnes sont toujours détenues à Guantánamo.

À propos de Reprieve

Reprieve, association caritative agissant sur le terrain de la justice, se fonde sur le droit pour faire appliquer les droits fondamentaux des détenus, du couloir de la mort à Guantánamo Bay. Reprieve enquête, entame des poursuites et éduque, œuvrant en première ligne afin d’apporter un soutien juridique aux détenus qui n’ont pas les moyens de s’offrir les services d’un avocat. Reprieve défend l’état de droit dans le monde entier, dans le but ultime de garantir le droit de chacun à un procès équitable et de sauver des vies. Clive Stafford Smith est le fondateur de Reprieve et a passé les vingt-cinq dernières années au service de personnes condamnées à mort aux États-Unis.

Actuellement, Reprieve travaille sur les cas de 32 hommes incarcérés au centre de détention américain de Guantánamo Bay, défend des prisonniers condamnés à mort et effectue des enquêtes sur la « restitution » et la détention secrète de prisonniers fantômes dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ».

À propos du Center for Constitutional Rights (CCR)

Cela fait huit ans que le CCR mène son combat contre Guantánamo sur le terrain juridique, envoyant à la base navale le premier avocat qui y ait introduit une requête en habeas corpus, ainsi que le premier avocat ayant pu y rencontrer un prisonnier fantôme capturé par la CIA. Le CCR s’est chargé de mobiliser et de coordonner dans tout le pays plus de 500 avocats ayant accepté de représenter gratuitement les hommes de Guantánamo, garantissant ainsi que tous ou presque aient la possibilité de bénéficier d’une assistance juridique. Le CCR travaille en outre à la réinstallation des quelque 50 hommes se trouvant encore à Guantánamo parce qu’ils ne peuvent retourner dans leur pays d’origine, où ils risquent la persécution et la torture.

À propos d’Amnesty International

Amnesty International est un mouvement mondial réunissant des personnes qui défendent les droits humains universellement reconnus de tous les individus. Cette organisation compte plus de 2,2 millions de membres et cotisants dans plus de 150 pays et régions. Elle coordonne ce soutien afin de lutter pour la justice dans un grand nombre de domaines.
Des membres d’Amnesty International se mobilisent dans le monde entier en faveur de la fermeture de Guantánamo et afin que cessent les violations des droits humains commis dans le contexte des opérations de lutte antiterroriste.

Document annexé : étude de cas.

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