« Cette audience vient nous rappeler que le gouvernement s’obstine dans son refus de libérer les familles sans les séparer. Le Service de contrôle de l’immigration et des douanes (ICE) a le pouvoir de remettre les familles en liberté, mais refuse simplement de le faire. Ce qui est nouveau, c’est qu’il tente de se faire passer pour le protecteur de l’unité familiale. Il est évident qu’on ne devrait jamais demander à un parent s’il est prêt à accepter que ses enfants soient libérés sans lui. Les arguments hypocrites de l’ICE ne sauraient cacher sa volonté cruelle de maintenir les familles en détention pour une durée illimitée. Il est plus que temps que l’ICE résolve le problème qu’il a lui-même créé et libère les familles détenues, a déclaré Denise Bell, chercheuse sur les droits des personnes réfugiées et migrantes à Amnesty International États-Unis.
« Les parents ne doivent pas être confrontés à l’obligation de choisir – si l’on peut appeler cela un choix – entre se séparer de leurs enfants ou rester indéfiniment en détention en famille. Un choix aussi cornélien est déjà cruel en temps normal ; en période de pandémie, il devient absolument monstrueux. Ces centres de détention sont dangereux et mortels. Ils sont de véritables bouillons de culture pour le COVID-19 et ne sauraient en aucun cas être un lieu de résidence satisfaisant pour un enfant.
« L’ICE a choisi de rendre aussi difficile que possible la libération de ces enfants avec leurs parents »
« Près de 100 familles sont ainsi piégées dans l’attente de la liberté que l’ICE pourrait leur offrir, si seulement il le voulait. Rien n’empêche l’ICE de libérer ces familles sans les séparer, si ce n’est sa volonté cruelle de décourager les gens de venir chercher la sécurité dans ce pays.
« C’est un véritable crève-cœur pour nous tous qui sommes prêts à accueillir ces familles une fois libérées. Les enfants doivent pouvoir grandir entourés de leur famille, de leurs amis et d’autres membres de leur entourage. Or, l’ICE a choisi de rendre aussi difficile que possible la libération de ces enfants avec leurs parents, les privant de la possibilité de vivre ensemble et en sécurité. »
Amnesty International États-Unis appelle l’ICE a exercer son autorité juridique et à user de son pouvoir discrétionnaire pour remettre les familles en liberté conditionnelle ou leur proposer des alternatives à la détention, sans les séparer, comme il l’a toujours fait par le passé.
Complément d’information
En août 2020, Amnesty International a contribué à faire libérer une famille détenue par l’ICE à Dilley, au Texas [1]. Cette libération a été obtenue grâce aux efforts de plaidoyer des avocats de la famille et à la pression exercée par Amnesty International États-Unis. Elle prouve que l’ICE a le pouvoir discrétionnaire de libérer des familles sans les séparer dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Amnesty International continue de demander à l’ICE de libérer Ana, 22 ans, et Victoria, quatre ans (prénoms d’emprunt), détenues à Dilley, au Texas, depuis près d’un an après avoir fui le Honduras pour leur sécurité.
En juillet 2020, 120 ONG de défense des droits des personnes migrantes et réfugiées ont appelé l’ICE à libérer toutes les familles [2] détenues dans des centres de détention pour migrant·e·s, soulignant que la séparation d’une famille résultant d’un « choix » forcé entraînait la violation de nombreux droits humains, notamment du droit à l’unité familiale, du droit à la liberté, et de l’obligation de faire passer l’intérêt supérieur de l’enfant avant toute chose.
En mai 2020, Amnesty International États-Unis a publié un rapport intitulé Family Separation 2.0 : You aren’t going to separate me from my only child, qui montrait comment l’ICE utilisait ses mesures de santé publique face au COVID-19 comme une arme pour punir et dissuader les personnes en quête de sécurité.
En 2018, Amnesty International a dénoncé les effets de la politique dite de « tolérance zéro » du gouvernement de Donald Trump, qui a donné lieu à la séparation forcée de milliers de familles demandeuses d’asile dans le but de dissuader et de punir les personnes venant chercher refuge aux États-Unis. La plupart des familles interrogées par Amnesty International ont été séparées sans qu’on leur explique pourquoi. Dans certaines situations dont l’organisation a eu connaissance, la pratique de la séparation des familles répondait aux définitions de la torture figurant dans la législation américaine et le droit international. L’organisation de défense des droits humains a appelé le ministère de la Justice à ouvrir une enquête pénale sur cette pratique et sur les préjudices qu’elle a causés, afin que toutes les personnes qui l’ont autorisée aient à rendre des comptes.