« Le Département d’État a décidé de passer outre les préoccupations du Congrès en matière de droits humains et a débloqué la totalité de l’aide militaire sous conditions, en invoquant une dérogation en matière de sécurité nationale et en citant de soi-disant améliorations dans le domaine des droits humains, concernant les prisonniers politiques en Égypte. Le gouvernement américain continue de prendre des décisions opportunes d’un point de vue politique et diplomatique, au détriment des droits fondamentaux du peuple égyptien, a déclaré Elizabeth Rghebi, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International États-Unis.
« La réalité est que l’Égypte continue d’être en proie à une crise d’impunité pour les violations des droits humains. Les autorités imposent des restrictions injustifiées à la liberté d’expression, musèlent la société civile indépendante et criminalisent dans les faits le droit de réunion pacifique. Des milliers de personnes croupissent derrière les barreaux uniquement pour avoir exercé sans violence leurs droits ou à l’issue de procès manifestement iniques, dont des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes et des opposant·e·s politiques. Les autorités égyptiennes ont libéré 834 personnes détenues pour des motifs politiques en 2023, mais en ont arrêté plus du triple cette même année. L’impunité prévaut, nul n’ayant à rendre des comptes pour les homicides illégaux, les actes de torture, les mauvais traitements et les disparitions forcées imputables aux forces de sécurité.
« Cette mesure s’inscrit dans une série de décisions du gouvernement de Joe Biden qui s’avèrent désastreuses pour les droits humains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord »
« Le Congrès doit sans délai user de son pouvoir et de sa responsabilité de contrôle pour remettre en cause les fondements de la décision du président Joe Biden, dans l’intérêt des droits fondamentaux en Égypte.
« Hélas, cette mesure s’inscrit dans une série de décisions du gouvernement de Joe Biden qui s’avèrent désastreuses pour les droits humains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : citons la levée de la suspension des livraisons d’armes offensives à l’Arabie saoudite, mais aussi la poursuite des ventes et transferts d’armes au gouvernement israélien, alors que les forces israéliennes se servent des armes livrées par les États-Unis pour commettre des crimes de guerre et que les Palestinien·ne·s sont toujours menacés de génocide dans la bande de Gaza occupée.
« Alors qu’il a débuté son mandat en s’engageant à placer les droits humains au cœur de sa politique étrangère, le gouvernement américain semble se contenter, dans ses derniers mois, d’un nivellement par le bas en ignorant ses obligations en matière de droits humains dans la région et en sapant l’état de droit. »