« Annuler l’arrêt Roe vs. Wade serait l’aboutissement de décennies de campagne de haine contre les droits des femmes, et serait aussi profondément raciste et classiste. Les femmes de couleur et les femmes pauvres seraient touchées de manière disproportionnée par toute décision visant à supprimer l’avortement sûr et légal. En annulant l’arrêt Roe vs. Wade, la Cour suprême ferait preuve d’un mépris total pour les nombreux éléments qui attestent des implications potentiellement mortelles de la criminalisation de l’avortement et du nombre significatif de décès résultant du recours à l’avortement pratiqué dans des conditions dangereuses. Une telle décision constituerait donc une violation du droit à la vie et de l’interdiction de la torture.
« Si les initiatives visant à dépénaliser et légaliser l’avortement dans des pays comme l’Argentine, l’Irlande, le Mexique et la Colombie ces dernières années marquent une grande victoire pour la communauté mondiale, des signes inquiétants laissent à penser que les États-Unis s’inscrivent à rebours des progrès du reste du monde s’agissant de protéger les droits en matière de sexualité et de procréation. Nous appelons ardemment les autorités américaines à protéger le droit à un avortement sûr et légal. Si elles ne le font pas, elles manqueront à leur devoir de défendre les droits fondamentaux, notamment les droits à la vie, à la santé, à disposer de son corps, à la vie privée et à la dignité.
« Toute régression en matière de protection du droit à l’avortement ne ferait pas que nuire à la perception des États-Unis dans le monde, ce serait également un très mauvais exemple dont d’autres gouvernements et groupes opposés à la promotion de ce droit pourraient s’inspirer autour du globe dans le but de priver les femmes, les jeunes filles et les personnes susceptibles d’être enceintes de leurs droits. L’annulation de l’arrêt Roe vs. Wade incarnerait un recul majeur au niveau mondial, fragilisant les récentes avancées et mettant en péril la santé et la vie de millions de personnes », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.