ÉTATS-UNIS : Il faut qu’une enquête soit menée sur les allégations de recours abusif à la force contre les manifestants opposés à la guerre

Index AI : AMR 51/056/2003

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Au moins 21 personnes ont été blessées au cours de la manifestation contre
la guerre qui s’est déroulée sur le port d’Oakland, en Californie, le
7 avril dernier. Ce mardi 15 avril, Amnesty International a demandé au chef
de la police de diligenter une enquête approfondie sur les allégations
faisant état d’un usage abusif de la force par ses services.

La police aurait tiré sur les manifestants avec des armes non létales,
notamment des " sacs à fèves ", des balles en bois et des grenades à billes.
Au moins 12 d’entre eux auraient été blessés, ainsi que neuf spectateurs qui
ne participaient pas à la manifestation. Ils auraient été touchés dans le
dos, aux bras, au cou et au visage.

Dans une lettre adressée au chef des services de police d’Oakland, Amnesty
International a reconnu la gageure que constitue pour les policiers le
maintien de l’ordre au sein de manifestations importantes. " Toutefois, nous
sommes préoccupés par certains témoignages. Les policiers auraient ouvert le
feu 30 secondes seulement après avoir enjoint aux manifestants de se
disperser et auraient dirigé leurs tirs - y compris avec des balles en
bois - directement sur les manifestants, et ce à faible distance.

" Des éléments probants révèlent que les armes employées peuvent causer de
graves blessures internes, briser des os, rendre aveugle, et qu’elles sont
potentiellement meurtrières. Il est nécessaire de mener une enquête
exhaustive afin de déterminer si la police d’Oakland a fait un usage abusif
de l’une de ces armes le 7 avril. Il convient également de prendre des
mesures pour veiller à ce que les policiers ne reproduisent pas ce genre de
traitements envers des manifestants.

" Si ces allégations se révèlent fondées, les actions de la police au cours
de cet événement bafoueraient à l’évidence les normes internationales.
Celles-ci exigent que les responsables de l’application des lois ne
recourent à la force qu’en dernier ressort, proportionnellement à la menace
représentée et de manière à causer le minimum de dommages et blessures, a
indiqué Amnesty International.

" Ces informations sont particulièrement alarmantes, si l’on pense au danger
potentiel que représentent ces armes pour de jeunes enfants ou des personnes
âgées, ou encore pour des personnes souffrant d’insuffisance cardiaque ou
d’autres affections. "

Dans sa lettre, l’organisation de défense des droits humains a demandé à
consulter les directives des services de police d’Oakland et à recevoir des
informations sur la formation actuellement dispensée aux policiers, en ce
qui concerne l’utilisation des armes non létales.

" Ce n’est pas la première fois que nous sommes amenés à soulever certains
motifs de préoccupation concernant l’emploi des armes non létales auprès des
organes chargés de faire respecter la loi. Dans tous les États-Unis, ces
organes doivent mettre en place des directives et des limitations strictes
quant à l’utilisation de ces armes, assorties de procédures de suivi
clairement définies ", a conclu Amnesty International.

Complément d’information
Le 7 avril, les armes utilisées englobaient notamment :
" Sacs à fèves " : Certains éléments d’information ont montré que les " sacs
à fèves " pouvaient engendrer de graves lésions internes, en pénétrant
profondément dans le corps. Tirés de trop près, ils peuvent être
responsables de fractures osseuses. Il est difficile d’apprécier le niveau
de douleur infligé par les " sacs à fèves ", qui peuvent s’avérer
particulièrement dangereux lorsqu’ils sont dirigés vers des zones sensibles.

À l’origine, cette arme était considérée comme une option satisfaisante de
force " moins que létale " pouvant être utilisée contre des suspects
potentiellement dangereux. Pourtant, les services de police de certains
États américains y renoncent, après s’être aperçus qu’elle s’avérait parfois
dangereusement imprécise et plus mortelle que les fabricants ne
l’alléguaient.

Grenades à billes : Selon certains experts, les grenades à billes ne sont
absolument pas discriminantes ni fiables. Elles ne doivent pas être tirées à
faible distance, parce qu’elles peuvent causer la mort. Les petites billes
de plomb libérées lors de l’explosion de la grenade risquent de pénétrer la
peau et d’infliger de graves lésions oculaires, voire d’engendrer la cécité.
Balles en bois : Dans les années 70, le gouvernement britannique les a
jugées inacceptables dans l’optique d’une utilisation par les soldats
britanniques en Irlande du Nord, car elles sont susceptibles de causer de
graves blessures à la tête, mais aussi de rendre aveugle ou de pénétrer la
peau. 

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