Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International, a déclaré :
« Une fois de plus, les États-Unis adoptent une approche erronée de la carotte et du bâton pour répondre à la crise mondiale des réfugiés : d’un côté en étendant le regroupement familial et les voies d’admission humanitaires, et de l’autre en externalisant leurs obligations de protection et en pénalisant durement les personnes qui exercent leur droit fondamental de solliciter l’asile à la frontière sud du pays. Nous rappelons au gouvernement de Joe Biden et à tous ceux des Amériques que le droit d’asile est un droit humain. Si nous saluons l’extension des voies d’admission permettant à des personnes en quête de sécurité d’éviter le dangereux périple jusqu’à la frontière, elle ne doit toutefois pas se faire au prix d’un renoncement des États-Unis à leur obligation internationale de respecter le droit d’asile.
États-Unis : une approche erronée de la carotte et du bâton pour répondre à la crise mondiale des réfugiés
« Alors que les Amériques sont confrontées à un nombre sans précédent de personnes réfugiées, l’engagement pris par les États-Unis de doubler celui des réfugié·e·s originaires de la région qui seront accueillis dans le pays et d’étendre les voies d’admission existantes pour le regroupement familial et la résidence permanente conditionnelle constitue une étape importante pour fournir aux personnes en quête de sécurité les protections dont elles ont besoin. Nous nous félicitons également que le Canada et l’Espagne se soient engagés à étendre aussi leurs voies d’admission pour les personnes en provenance des Amériques. En revanche, il est inacceptable que ces extensions s’accompagnent de mesures coercitives qui amèneront sans aucun doute des personnes à se voir refuser une protection et à être repoussées vers un danger encore plus grand, et dont l’impact sera particulièrement nocif pour les populations noires, métisses et indigènes.
« L’obligation imposée par le gouvernement de prendre rendez-vous par le biais de l’application CBP One s’apparente à une nouvelle forme de comptage, pratique qui a contraint des personnes à attendre au Mexique, où elles risquent de graves violences. Le projet du gouvernement de raccourcir encore les procédures d’expulsion accélérées entraînera en outre des vérifications bâclées des besoins en matière de protection qui aboutiront probablement au renvoi de nombreuses personnes vers le danger, en violation du droit international. Il vaudrait mieux que le gouvernement de Joe Biden investisse dans des solutions qui permettent aux gens de déposer leur demande d’asile dans un environnement sûr où ils ont réellement accès à une assistance juridique et ne sont pas forcés à défendre leur cas dans de cruels centres de traitement à la frontière ou des centres de détention. »
Amnesty International a précédemment mis en évidence l’absence de prise en compte par le gouvernement actuel du risque accru auquel sont confrontés les demandeurs et demandeuses d’asile noir·es, qui sont souvent touché·es de façon disproportionnée par les politiques cruelles de maintien de l’ordre et davantage exposés à la violence au Mexique. Le gouvernement de Joe Biden doit examiner les recommandations proposées par Amnesty International dans son rapport intitulé « Ils ne nous ont pas traités comme des êtres humains ». Actes de torture et autres mauvais traitements à caractère racial et liés à la situation migratoire contre les Haïtien·ne·s cherchant refuge aux États-Unis, telles que le rétablissement complet de l’accès à l’asile à la frontière, la fin du recours à la détention massive des personnes migrantes, la garantie du droit à un·e avocat·e dans toutes les procédures d’immigration et la dépénalisation de l’entrée et du retour de façon irrégulière sur le territoire des États-Unis. Ces réformes sont nécessaires pour garantir justice et équité pour les personnes noires, notamment haïtiennes, qui sont en quête d’asile.