« Si la portée de la nouvelle politique proposée par Donald Trump n’est pas encore totalement connue, cette annonce envoie un message clair : le président profite de la pandémie pour renforcer le sectarisme et la xénophobie, qui sont les marques de fabrique de sa présidence depuis le tout premier jour, a déclaré Joanne Lin, directrice nationale en charge du plaidoyer à Amnesty International États-Unis.
« Notre pays ne pourrait en aucune manière faire face à la diffusion du COVID-19 sans les efforts incessants des personnes immigrées qui travaillent dans les domaines de la santé et de l’aide à domicile, qui tiennent des épiceries et qui produisent des denrées alimentaires »
« Notre pays ne pourrait en aucune manière faire face à la diffusion du COVID-19 sans les efforts incessants des personnes immigrées qui travaillent dans les domaines de la santé et de l’aide à domicile, qui tiennent des épiceries et qui produisent des denrées alimentaires. Ces personnes effectuent des tâches considérées comme essentielles tout en se battant pour accéder aux soins médicaux, aux aides et aux services.
« Alors que les États-Unis sont le pays le plus touché au monde en termes de nombre de cas de contamination par le COVID-19, les mesures préconisées par les spécialistes de la santé pour stopper la diffusion du virus, comme le dépistage massif et l’autoconfinement, sont tournées en dérision et minimisées par Donald Trump. Si le président veut limiter le taux de contamination et le nombre de morts survenant sous sa présidence, il ferait mieux d’écouter les spécialistes de la santé plutôt que de montrer du doigt les personnes migrantes. »
Complément d’information
Amnesty International a dénoncé les politiques anti-immigration mises en place par le président Donald Trump dès sa première semaine au pouvoir, quand il a signé le décret dit « antimusulmans » et commencé à mettre en œuvre une série de mesures qui continuent à ce jour de laisser des familles dans l’incertitude et le danger. Amnesty International États-Unis s’est opposée au « décret antimusulmans » dès sa première version [1]/, appelant le Congrès à l’invalider [2] en adoptant la Loi NO BAN (Pas d’interdiction) [H.R. 2214 / S. 1123]. Les membres de la section se sont mobilisés contre ce décret dans tous les États du pays, ont participé à une marche de protestation et à un rassemblement à Washington D.C., ont remis une pétition nationale aux dirigeant·e·s du Congrès, ont mobilisé les gens dans les aéroports et ont organisé des rassemblements pour informer les personnes de leurs droits.
À la suite de l’adoption du décret, Amnesty International États-Unis a publié une douzaine d’études de cas [3] montrant les préjudices subis par des personnes et des familles originaires, entre autres, du Yémen, d’Iran ou du Soudan, et a montré combien des vies avaient été bouleversées [4] par ce décret. Par ailleurs, en 2019, des chercheurs de la section se sont rendus au Liban et en Jordanie, où ils ont mené plus de 50 entretiens avec des personnes réfugiées qui, à cause du décret, se retrouvaient bloquées dans des pays où elles étaient confrontées à des politiques restrictives et à des environnements de plus en plus hostiles, sans bénéficier des mêmes droits que les résident·e·s permanents ou les ressortissant·e·s de ces pays. Le rapport d’Amnesty International États-Unis intitulé “The Mountain is in Front of Us and the Sea is Behind Us” [5] a montré comment les politiques discriminatoires de Donald Trump avaient considérablement réduit la réinstallation de réfugié·e·s en provenance du Liban et de Jordanie, les deux pays qui accueillent le plus de personnes réfugiées au monde en proportion de leur population. Amnesty International a aussi dénoncé [6] le caractère prématuré du retour en Syrie des personnes réfugiées au Liban et a publié, fin 2019, un nouveau rapport intitulé Sent to a war zone : Turkey’s illegal deportations of Syrian refugees, qui décrit la manière dont la Turquie a renvoyé des réfugié·e·s syriens dans leur pays malgré les graves risques qu’ils y courent.
Par ailleurs, Amnesty International a rendu compte [7] de la politique de séparation des familles mise en œuvre par le président Donald Trump, qui peut dans certains cas s’apparenter à de la torture telle que définie dans le droit national et international, et a fait état [8] du manque de soins et des mauvais traitements à l’égard des personnes venant chercher la sécurité aux États-Unis, qui les mettent encore plus en danger en cette période de pandémie. Enfin, elle a dénoncé la politique « Rester au Mexique » [9], qui a mis des demandeurs et demandeuses d’asile dans des situations dangereuses et précaires au Mexique, et s’est exprimée contre les accords relatifs à l’asile [10] et l’interdiction d’asile [11] qui bloquent l’accès à la procédure de demande d’asile aux États-Unis.