Communiqué de presse

États-Unis. Un an après sa condamnation, Chelsea Manning doit être libérée

Un an jour pour jour après la condamnation de Chelsea Manning pour divulgation d’informations classées « secret défense », Amnesty International appelle une nouvelle fois les autorités américaines à lui accorder une grâce, à la libérer immédiatement et à enquêter de toute urgence sur les violations présumées des droits humains qu’elle a révélées.

Chelsea Manning vient de passer un an en prison, condamnée comme une criminelle pour avoir révélé des informations contenant des preuves de possibles violations des droits humains et du droit international. En diffusant des informations classées « secret défense » via Wikileaks, elle a révélé au monde les exactions commises par l’armée des États-Unis, certains de ses prestataires et des soldats irakiens et afghans présents aux côtés des forces américaines.

« Il est absolument scandaleux que Chelsea Manning languisse actuellement derrière les barreaux tandis que ceux qu’elle a contribué à dénoncer, qui sont peut-être coupables de violations des droits humains, jouissent d’une totale impunité  », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

« Le gouvernement américain doit gracier Chelsea Manning, ordonner sa libération immédiate et ouvrir une enquête exhaustive et impartiale sur les crimes qu’elle a révélés. »

Reconnue coupable de 20 chefs d’accusation différents, Chelsea Manning a été condamnée à 35 ans de prison, soit beaucoup plus que d’autres militaires condamnés pour des faits tels que des meurtres, des viols ou des crimes de guerre.

Avant sa condamnation, elle avait déjà passé trois ans en détention provisoire, dont 11 mois dans des conditions que le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture avait qualifiées de cruelles et inhumaines.
Chelsea Manning a toujours affirmé qu’elle avait transmis ces documents à Wikileaks dans l’intérêt du grand public et pour susciter un débat constructif sur le coût de la guerre et le comportement des soldats américains en Irak et en Afghanistan.

Il convient notamment de souligner que parmi les informations qu’elle a transmises figuraient des images jusqu’ici inconnues montrant des journalistes et d’autres civils tués dans des attaques menées par des hélicoptères américains.
Chelsea Manning et ses avocats ont engagé des démarches actives en vue de contester sa condamnation.

« Le gouvernement des États-Unis semble avoir perdu le sens des priorités. Avec cette lourde peine infligée à Chelsea Manning, il envoie un message inquiétant laissant entendre qu’il ne saurait tolérer les lanceurs d’alerte. Parallèlement, en l’absence d’enquêtes sur les accusations découlant des révélations de Chelsea Manning, des responsables présumés de crimes de droit international, tels que la torture et les disparitions forcées, pourraient s’en tirer à bon compte », a déclaré Erika Guevara Rosas.

« Un an après la condamnation de Chelsea Manning, nous continuons d’appeler les autorités américaines à lui accorder une grâce au regard des raisons qui ont motivé son geste et du temps qu’elle a déjà passé en prison. »

Complément d’information

Amnesty International s’est déjà inquiétée par le passé du caractère excessif de la peine de 35 ans de prison infligée à Chelsea Manning, demandant qu’elle soit commuée en une peine d’une durée équivalente au temps déjà passé en prison par la militaire. L’organisation considère que Chelsea Manning a fait l’objet d’accusations excessives au titre d’une législation archaïque destinée à punir la trahison, et qu’on ne lui a pas laissé la possibilité d’invoquer l’intérêt public lors du procès.

En outre, le droit américain protège peu les véritables lanceurs d’alerte, et cette affaire souligne la nécessité pour les États-Unis de renforcer la protection de ceux qui révèlent des informations que le grand public a le droit de connaître.

Il est essentiel que les autorités américaines cessent d’utiliser la Loi relative à l’espionnage pour poursuivre des lanceurs d’alerte tels que Chelsea Manning.

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