Communiqué de presse

États-Unis. Une décision de justice annule la condamnation d’un prisonnier malade placé à l’isolement depuis plus de 41 ans

La décision d’annuler la condamnation d’un prisonnier malade placé à l’isolement depuis plus de 41 ans à l’issue d’un procès entaché d’irrégularités constitue un geste positif mais qui n’a que trop tardé après quatre décennies d’injustice, a déclaré Amnesty International.

« Le cas de Herman Wallace est un exemple tragique des dérives de la "justice" aux États-Unis, a déclaré Tessa Murphy, chargée de campagne sur les États-Unis à Amnesty International. Un tribunal fédéral a fini par reconnaître qu’il y avait un certain degré d’injustice autour de cette affaire. Malheureusement cette décision arrive trop tard pour que Herman Wallace, en phase terminale de cancer, puisse en profiter. »

« L’État de la Louisiane doit se garder maintenant d’essayer d’empêcher la libération de cet homme. »

Herman Wallace, âgé de 71 ans, a été placé à l’isolement dans la prison d’État de la Louisiane après avoir été reconnu coupable en 1974 du meurtre du gardien de prison Brent Miller.

La décision prise par le tribunal mardi 1er octobre porte sur un aspect du procès : le fait que les femmes ont été exclues systématiquement du "grand jury" (jury d’accusation). De nombreuses autres irrégularités ont été soulevées au fil des années mais ont toutes été rejetées par les tribunaux de la Louisiane.

Aucun élément matériel ne permet d’établir un lien entre Herman Wallace et l’homicide qui a été commis. Il a été révélé par la suite qu’un témoin à charge essentiel avait bénéficié d’avantages, et en particulier d’une libération conditionnelle, en échange de son témoignage dans cette affaire.

Immédiatement après le meurtre, Herman Wallace a été placé à l’isolement, dans une cellule de deux mètres sur trois dans laquelle il été confiné 23 heures par jour. Maintenu dans ces conditions carcérales pendant plus de 40 ans, il a été privé de toute interaction sociale digne de ce nom, de possibilité de travailler et d’accès à des programmes d’enseignement et de réinsertion.

Pendant toute cette période, il n’a été autorisé à sortir de sa cellule que sept heures par semaine, période pendant laquelle il prenait une douche où se retrouvait seul dans une cour.

Amnesty International n’a connaissance que d’une seule autre personne détenue depuis plus longtemps que Herman Wallace dans des conditions aussi dures aux États-Unis.

À plus de 160 reprises depuis 1972, la commission de révision de la prison a examiné et confirmé la décision prise initialement de placer cet homme à l’isolement. Ces examens n’étaient pas conformes aux normes applicables, qui auraient voulu que le comportement de Herman Wallace soit réévalué régulièrement pour déterminer s’il était toujours justifié que ce prisonnier soit maintenu à l’isolement.

Herman Wallace et Albert Woodfox, qui a été reconnu coupable du même crime, n’ont cessé de clamer leur innocence dans l’affaire du meurtre de Brent Miller et ont affirmé qu’ils avaient été impliqués à tort dans cette affaire en raison de leur militantisme en prison en tant que membres du Parti des Panthères noires (BPP).

La décision qui vient d’être prise pourrait être de bonne augure pour Albert Woodfox, qui est toujours à l’isolement et a formé le même recours auprès du tribunal fédéral.

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