Éthiopie. Des prisonniers d’opinion déclarés coupables injustement ; ils sont passibles de peines pouvant aller jusqu’à dix années d’emprisonnement

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International a condamné ce lundi 24 décembre la déclaration de culpabilité de deux défenseurs des droits humains en Éthiopie, accusés d’avoir provoqué et préparé des« atteintes à la Constitution ». Selon l’organisation, les deux hommes sont des prisonniers d’opinion, arrêtés uniquement en raison de leur action pacifique en faveur des droits humains. Tous deux sont en prison depuis novembre 2005.

Daniel Bekele et Netsanet Demissie ont été déclarés coupables à la majorité des membres de la Haute Cour fédérale éthiopienne ce lundi 24 décembre , à l’issue d’un procès qui a duré plus de deux ans.
Le juge présidant la Cour s’est démarqué du jugement de culpabilité rendu par les deux autres juges.

Les deux hommes ont été acquittés de l’accusation principale d’avoir commis des« atteintes à la Constitution », qui les rendait passibles de l’emprisonnement à vie ou de la peine de mort. Cependant, sur la base des déclarations de certains témoins, fortement contestées par la défense, ils ont été déclarés coupables d’avoir « provoqué et préparé » des atteintes à la Constitution, un chef d’accusation moins grave, passible au maximum de dix années d’emprisonnement.

Les peines seront prononcées le 26 décembre après les dernières plaidoiries du ministère public et de la défense.

« Ces déclarations sont une honte – ces deux défenseurs des droits humains doivent être libérés sans délai et sans condition, a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International. Ils n’auraient de toutes façons jamais dû être arrêtés ni jugés.

« L’Éthiopie doit revoir son système pénal. Il est déplorable que des militants de la société civile qui sont des prisonniers d’opinion, comme Daniel Bekele et Netsanet Demissie, puissent être arrêtés et condamnés de manière injuste simplement pour avoir exercé une action pacifique en faveur des droits humains. »

Les autres personnes précédemment sur le banc des accusés avec Daniel Bekele et Netsanet Demissie, notamment les dirigeants de la Coalition pour l’unité et la démocratie (CUD) et des journalistes, ont été libérées en juillet grâce à un accord négocié après leur condamnation à l’emprisonnement à vie ou à de longues peines de prison.

Seuls restaient Daniel Bekele et Netsanet Demissie, qui avaient choisi – à la différence des autres accusés – d’exercer leur droit à présenter une défense. Les deux hommes ont refusé de faire une demande de grâce politique, ce qui les aurait contraint à changer de défense et à plaider coupable, en dépit du fait qu’ils ont clamé leur innocence tout au long du procès.

« Le procès n’a pas été équitable et les charges retenues contre eux ne représentent rien d’autre que la criminalisation de la liberté d’expression, a déclaré Erwin van der Borght. Le procès a déjà eu pour effet de freiner le militantisme de la société civile. »

Amnesty International est très préoccupée par le fait que le gouvernement ait empêché ses représentants d’assister en tant qu’observateurs au procès en juillet.

Daniel Bekele est responsable de la stratégie au bureau éthiopien d’ActionAid. Netsanet Demissie a fondé et dirige l’Organisation pour la justice sociale en Éthiopie, qui travaille en étroite collaboration avec ActionAid dans la lutte contre la pauvreté, notamment dans le cadre de la Campagne mondiale contre la pauvreté.

Tous deux ont été arrêtés en novembre 2005, au cours d’une vague d’arrestations massives pendant des manifestations organisées pour dénoncer des fraudes électorales présumées lors des élections de mai 2005 en Éthiopie. Cent quatre-vingt sept personnes ont été tuées par les forces de sécurité éthiopiennes au cours des manifestations de juin et de novembre.

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