Le 3 juin, la police avait déjà interdit une conférence de presse organisée par Eskinder Nega sur le même thème à l’hôtel Ethiopia, également à Addis-Abeba.
« Ce harcèlement a pour seule finalité de contrarier Eskinder Nega, connu pour sa franchise, et de restreindre son droit à la liberté d’expression. Il est inacceptable et doit cesser car le droit éthiopien n’exige pas que les conférences de presse soient approuvées ni autorisées. La police n’a aucun droit d’empêcher la tenue d’une conférence de presse », a déclaré Joan Nyanyuki, directrice du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International.
En mars 2019, Eskinder Nega a tenté de donner une conférence de presse sur la gestion d’Addis-Abeba mais cet événement a été annulé par la police pour des « raisons de sécurité ».
Eskinder Nega a également exprimé ses opinions sur diverses questions au moyen de Twitter, ce qui a déclenché une certaine hostilité à son égard, notamment des menaces de mort.
« L’ingérence quant aux conférences de presse qu’Eskinder Nega avait prévu de donner la semaine du 3 juin montre que la police et les autorités ne remplissent pas leur rôle qui consiste à faire respecter la liberté d’expression en Éthiopie, a déclaré Joan Nyanyuki.
« Les propos d’Eskinder Nega peuvent sembler offensants à certaines personnes mais ils relèvent de la liberté d’expression garantie par le droit international et doivent donc être respectés. »
Il faut que les autorités éthiopiennes envisagent de former la police aux droits humains et à son rôle dans le respect et la protection des droits de chacun·e, et d’élaborer une campagne nationale visant à sensibiliser le grand public aux droits humains, au moment où le pays émerge de plusieurs décennies de répression.
Complément d’information
Eskinder Nega, journaliste et blogueur, a été libéré de prison en février 2018, après avoir purgé sept ans d’une peine de 18 ans de réclusion. Depuis lors, il publie l’hebdomadaire Ethiopis. Il anime des débats sur des questions comme la démocratie, le nationalisme ethnique et la gestion d’Addis-Abeba.