« Le recours à la force meurtrière n’est jamais justifié lorsqu’il ne sert pas à protéger des vies. Cette force excessive a coûté de nombreuses vies ces derniers jours, dont celles de manifestants et de passants. Parmi les 16 personnes tuées figurent un garçon qui était sans domicile et une femme atteinte de handicap mental, qui ne participaient ni l’un ni l’autre aux manifestations. Nul ne doit être tué pour avoir exercé son droit à la liberté de réunion pacifique ou pour s’être trouvé à proximité d’une manifestation, a déclaré Deprose Muchena, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.
« Les autorités doivent de toute urgence cesser d’employer la force meurtrière lors de manifestations et enquêter de manière approfondie, efficace et impartiale sur ces homicides. Les auteurs présumés de ces faits doivent être jugés dans le cadre de procès équitables. Les victimes et leurs familles doivent en outre disposer de recours leur permettant d’obtenir des réparations adéquates. »
Complément d’information
Le 9 août, des citoyens sont descendus dans la rue après que les Forces de défense éthiopiennes ont arrêté plus de 20 représentants de la zone Wolaytta ainsi que des dirigeants associatifs et des militants, vraisemblablement pour avoir organisé un rassemblement en violation des mesures liées à la pandémie de COVID-19.
Selon plusieurs témoins interrogés par Amnesty International, les forces de sécurité ont frappé des manifestants et des passants et tiré sur eux en tentant de disperser la manifestation. Un garçon sans domicile a été tué dans la ville de Wolaita Sodo le 9 août lorsque les forces de sécurité ont dispersé violemment les personnes qui se trouvaient dans la rue à la suite des arrestations. Sept autres personnes ont été tuées à Bodditi le 10 août, dont un adolescent de 14 ans, le footballeur Getahun Ashenafi et une femme atteinte de handicap mental.
Selon des sources gouvernementales, au moins 16 personnes ont été tuées jusqu’à présent lors de ces manifestations, qui se poursuivent. Deux témoins ont indiqué à Amnesty International qu’une femme avait été tuée le 12 août par les forces de sécurité alors qu’elle allait faire des courses. Les tensions restent vives en raison du déploiement massif des forces de police, de la police Liyu (une force spéciale de la RNNPS) et des Forces de défense éthiopiennes.
Des sources médicales ont fait savoir à Amnesty International que 18 blessés avaient été admis à l’hôpital chrétien de Sodo, dont certains en soins intensifs.