Éthiopie, il faut respecter le droit de manifester et libérer les professionnels des médias détenus

Éthiopie, il faut respecter le droit de manifester et libérer les professionnels des médias détenus

Il faut que les autorités éthiopiennes libèrent immédiatement sept professionnels des médias détenus dans un contexte d’intensification des violences dans la région Amhara, enquêtent sur les allégations concernant l’agression physique de l’une d’entre eux et protègent le droit à la liberté d’expression et le droit de manifester pacifiquement pour tous et toutes.

L’organisation de défense des droits humains est préoccupée par les signalements faisant état d’atteintes et de violences dans la région Amhara, où des échanges de tirs ont été rapportés [1] à plusieurs endroits, y compris l’homicide [2] de deux travailleurs humanitaires le 9 avril et les arrestations collectives dans la capitale nationale et régionale, Addis-Abeba.

Les forces gouvernementales et les autres acteurs armés sont tenus de ne pas prendre pour cible les travailleuses et travailleurs humanitaires. Les autorités éthiopiennes doivent mener une enquête rapide, approfondie, indépendante et efficace sur ces violences et traduire les responsables présumés en justice dans le cadre d’une procédure équitable.

« Les arrestations de Genet Asmamaw, Getnet Aragaw, Aragaw Sisay, Meskerem Abera, Abay Zewdu, Dawit Begashaw et Tewodros Asfaw font froid dans le dos, ce sont des attaques contre le droit à la liberté d’expression et la liberté de la presse. Les autorités doivent libérer immédiatement ces sept journalistes et abandonner toutes les charges retenues contre eux. Elles doivent également enquêter sur les informations selon lesquelles Genet Asmamaw aurait été violemment agressée au moment de son arrestation et amener les auteurs présumés de cette agression à rendre des comptes, a déclaré Flavia Mwangovya, directrice régionale adjointe des campagnes pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs à Amnesty International.

« Les journalistes et les autres professionnel·le·s des médias doivent pouvoir faire leur travail sans être menacés, intimidés ni harcelés afin de remplir efficacement leur mission, qui consiste à informer le public et à contribuer à ce que les autorités rendent compte de leurs actes. »

Toute personne a droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique, et les autorités sont tenues de permettre à la population d’exercer son droit de manifester. Au vu des échanges de tirs [3] signalés à de nombreux endroits dans la région Amhara, nous exhortons le gouvernement fédéral et les autorités régionales à protéger la population et ses biens.

Les habitant·e·s d’Addis-Abeba ayant fait l’objet d’arrestations collectives doivent être inculpés d’une infraction dûment reconnue dans le cadre d’une procédure qui garantit leur droit à un procès équitable, ou bien être libérés immédiatement.

« Enfin, alors que l’Éthiopie entre dans le troisième mois d’un blocus imposé par l’État à certaines plateformes de réseaux sociaux, Amnesty International appelle les autorités à lever les restrictions qui entravent l’exercice des droits humains en ligne et hors ligne, y compris le droit à la liberté d’expression et l’accès à l’information », a déclaré Flavia Mwangovya.

Complément d’information

Depuis la semaine dernière, des habitant·e·s de la région Amhara, en Éthiopie, descendent dans la rue [4] pour dénoncer la « restructuration » des forces de police paramilitaires, à savoir les unités des forces spéciales, que le gouvernement fédéral a annoncée à l’échelle nationale, y compris pour la région Amhara.

En outre, les avocat·e·s représentant nombre des personnes détenues à Addis-Abeba ont indiqué que les questions posées à leurs client·e·s lors de leur interrogatoire présentaient une connotation ethnique.

L’Éthiopie, à l’instar de sa voisine l’Érythrée, demeure l’un des pays d’Afrique subsaharienne qui emprisonne le plus de journalistes [5]. L’an dernier, l’Éthiopie figurait parmi les cinq pays [6] du monde où le plus grand nombre de travailleuses et travailleurs humanitaires étaient pris pour cible.

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