« Il est choquant que, après avoir détenu arbitrairement ces journalistes au secret pendant plus d’un mois, tout ce que les policiers éthiopiens ont réussi à présenter au tribunal ait été un dossier contenant une lettre qu’ils ont envoyée au Service national de la sûreté et du renseignement pour lui demander de l’aide dans l’enquête sur cette affaire.
« L’absence d’éléments crédibles montre bien qu’il n’y a rien sur quoi enquêter. Les autorités éthiopiennes doivent libérer immédiatement et sans condition ces journalistes et les laisser continuer leur vie », a déclaré Seif Magango, directeur adjoint du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International.
Ces journalistes, tous des hommes, se nomment Bikila Amenu, Abdisa Gutata, Firomsa Bekele, Gadaa Bulti et Adugna Keso. Arrêtés à leur domicile, dans le quartier de Gerji à Addis-Abeba, le 5 septembre 2019, ils ont été déférés devant un tribunal le 3 octobre pour une audience préliminaire.
Ils font partie du mouvement Sagalee Qeerroo Bilisumaa (Voix des jeunes pour la liberté) et ont largement couvert les violations des droits humains et les évolutions politiques en Éthiopie depuis 2011. Ils ont été une source essentielle d’informations sur les manifestations organisées depuis novembre 2015 dans la région d’Oromia, à l’origine des événements qui ont abouti à des changements à la tête du pays.
« L’utilisation de la Loi relative à la lutte contre le terrorisme pour arrêter arbitrairement des journalistes va totalement à contre-courant des réformes observées en Éthiopie. Cette loi doit être révisée pour correspondre aux normes internationales et ne doit plus être utilisée pour harceler des journalistes », a déclaré Seif Magango.
Amnesty International a constaté une hausse brutale du nombre d’arrestations sur la base de la Loi relative à la lutte contre le terrorisme depuis juin 2019.