Éxécutions extrajudiciaires et autres violations par les forces de sécurité

Amnesty International demande l’ouverture dans les meilleurs délais d’une enquête approfondie et impartiale sur la conduite des forces de sécurité du Myanmar dans l’État agité d’Arakan, où des violations des droits humains ont été commises lors des opérations qu’elles y mènent.

L’organisation a reçu des informations selon lesquelles les forces de sécurité du Myanmar actives dans cet État (dans lequel vivent la plupart des membres de la minorité rohingya opprimée) seraient impliquées dans des exécutions extrajudiciaires, des arrestations et des détentions arbitraires, la destruction du domicile de plusieurs personnes et des infractions impliquant des violences sexuelles, entre autres violations. En raison des restrictions de l’accès au nord de l’État d’Arakan, il est très difficile de vérifier ces allégations de manière indépendante.

« Nous avons reçu plusieurs informations inquiétantes à propos des forces de sécurité du Myanmar et de leur comportement dans le cadre des opérations de sécurité dans l’État d’Arakan. Au lieu de nier en bloc les accusations sans examiner la situation, les autorités du Myanmar devraient ouvrir une enquête indépendante et impartiale qui permette d’évaluer de manière crédible leur bilan en matière de droits humains et de traduire en justice les responsables présumés d’infractions, dans le cadre de procès équitables devant des tribunaux civils et sans recours à la peine de mort  », a déclaré Rafendi Djamin, directeur pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

Cette demande est formulée alors que les autorités continuent de restreindre considérablement l’accès au nord de l’État d’Arakan, ce qui empêche les journalistes et les observateurs indépendants de vérifier les informations.

Des journalistes locaux qui se sont rendus dans la région de Maungdaw après la flambée de violences dans l’État d’Arakan le 9 octobre ont indiqué à Amnesty International que l’armée du Myanmar avait limité leurs déplacements, notamment en condamnant l’accès à plusieurs zones dans lesquelles des « opérations de sécurité » étaient en cours.

Des journalistes étrangers ont également indiqué à l’organisation que leurs demandes d’accès au nord de l’État d’Arakan avaient été refusées au motif que des opérations de sécurité étaient en cours et que les autorités ne pouvaient pas garantir leur sécurité.

« Si, comme l’affirment les autorités, les forces de sécurité du Myanmar ne sont pas impliquées dans des violations des droits humains, le fait d’autoriser des observateurs indépendants à accéder à la zone pour qu’ils puissent établir la vérité sur le terrain ne devrait pas leur poser de problème  », a déclaré Rafendi Djamin.

Mardi 25 octobre, les médias locaux ont déclaré que le porte-parole de la présidence Zaw Htay avait rejeté les allégations selon lesquelles les forces de sécurité avaient commis des violations des droits humains, soulignant qu’il ne s’agissait que d’« accusations » et déclarant « nous n’avons rien fait d’illégal ».

Amnesty International réitère également sa demande aux autorités du Myanmar de permettre un accès sans restriction aux Nations unies et aux organisations humanitaires qui n’ont pas pu apporter d’assistance aux populations qui en ont besoin. Des membres des communautés rohingya et rakhine ont été déplacées après le 9 octobre.

Complément d’information

Le 9 octobre, des assaillants non identifiés ont attaqué trois avant-postes de la police dans le nord de l’État d’Arakan, au Myanmar, ont tué neuf gardes-frontières et se sont emparés d’armes et de munitions. Huit des assaillants ont également été tués. Les autorités ont immédiatement lancé des opérations de sécurité pour appréhender les responsables présumés.

Amnesty International reconnaît que les autorités du Myanmar ont le devoir et le droit de maintenir l’ordre public, de mener des enquêtes et de traduire les responsables présumés des attaques du 9 octobre en justice. Cependant, elles doivent veiller à ce que ces enquêtes soient menées d’une manière juste et transparente, conformément au droit international.

Les Rohingyas du nord de l’État d’Arakan subissent des restrictions de leur liberté de circulation depuis des dizaines d’années, ce qui a de graves conséquences sur leur accès aux services de santé, à l’éducation et aux moyens de subsistance. La répression en cours a poussé plusieurs milliers de Rohingyas à fuir et à demander l’asile à l’étranger ces dernières années.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit