FÉDÉRATION DE RUSSIE : En finir avec l’intolérance raciale

Index AI : EUR 46/032/2003

Amnesty International a appelé, ce jeudi 14 avril, les autorités russes à
prendre des mesures énergiques pour combattre le racisme et encourager la
tolérance et le respect des différences, afin d’endiguer la vague
d’agressions recensées à l’égard des minorités ethniques.

L’organisation s’inquiète pour la sécurité des minorités ethniques et
nationales en Russie à l’approche du 20 avril, date de l’anniversaire
d’Adolf Hitler. Lors des années précédentes, cet anniversaire a été marqué
par une escalade de violence et des actes de harcèlement à motivation
raciste.

Le 26 mars 2003, un groupe de jeunes gens a agressé et violemment frappé
deux étudiants africains à Moscou. L’un deux a été hospitalisé.
L’Association des étudiants africains en Fédération de Russie a demandé
qu’une enquête soit ouverte rapidement sur ces faits et que la sécurité
autour des résidences universitaires soit renforcée, craignant de nouvelles
attaques racistes.

« La peur des attaques à caractère raciste ne se limite pas à la peur des « 
skinheads » pour les minorités de Russie ; elles ont presque autant à
craindre des autorités », a ajouté l’organisation.

Un soir de juillet 2002, un groupe d’une dizaine d’hommes, russes, au crâne
rasé, a crié des insultes racistes et violemment agressé des demandeurs
d’asile, réfugiés et étudiants africains qui pique-niquaient dans un parc de
Moscou. Les policiers qui se trouvaient à proximité ont, dans un premier
temps, refusé de leur venir en aide. Lorsqu’une patrouille de police est
finalement intervenue une demi-heure plus tard, tous les assaillants
présumés, à l’exception de deux, avaient fui. L’un des policiers a alors
accusé les pique-niqueurs d’avoir commencé la bagarre et a refusé de prendre
en compte les preuves apportées par des témoins oculaires.

« Les minorités raciales et ethniques sont fréquemment soumises à des actes
de harcèlement et d’intimidation de la part des policiers et autres
responsables de l’application des lois ; ceux-ci traitent souvent les
affaires d’agressions racistes avec indifférence. Les victimes de ces
agressions se plaignent fréquemment que les responsables de l’application
des lois se montrent réticents à qualifier ces actes de racistes et ne
comprennent pas les implications graves de cette violence motivée par la
haine raciale. La police conseille souvent aux victimes de parler de « 
hooliganisme » à propos de ces agressions, a déclaré Amnesty International.

« Tant que les autorités ne traiteront pas de la question des attitudes
racistes au sein des organes chargés du maintien de l’ordre, ceux-ci
continueront à être part du problème plutôt que de la solution. »

La discrimination raciale est une réalité pour de nombreuses personnes,
membres de minorités ethniques ou nationales en Fédération de Russie, a mis
en garde Amnesty International à l’occasion de la publication de son rapport
intitulé « Vos papiers ! » discrimination raciale en Fédération de Russie,
le mois dernier.

« Le racisme est une agression contre l’idée même de droits universels de la
personne humaine. Il nie systématiquement à certaines personnes le plein
exercice de leurs droits fondamentaux, à cause de la couleur de leur peau,
de leur appartenance raciale ou ethnique, de leur origine sociale ou
nationale. Le droit de ne pas être soumis à la discrimination raciale est un
principe fondamental du droit international relatif aux droits humains », a
déclaré Amnesty International.

Complément d’information

Les agressions racistes sont souvent le fait de sympathisants de mouvements
d’extrême-droite, communément désignés comme « skinheads ». Selon le
ministère de l’Intérieur russe, il y aurait environ 20 000 « skinheads » en
Russie, 2 500 à Moscou. Parmi les victimes d’actes racistes on trouve des
immigrés, réfugiés et demandeurs d’asile d’Afrique, d’Asie, d’Asie centrale
et du Caucase, parmi lesquels des Tchétchènes de souche. Les membres de la
communauté juive sont également régulièrement l’objet d’actes de harcèlement
et d’agressions à caractère raciste et les synagogues et centres de la
communauté juive sont souvent visés.

Le président Poutine et le procureur général Vladimir Oustinov ont tous deux
déclaré publiquement que les délits à caractère raciste ne seraient pas
tolérés et que les responsables de tels actes seraient traités « avec le
maximum de sévérité autorisé par la loi ». En 2001, les autorités ont mis en
place un programme d’État de cinq ans sur la tolérance et la prévention de
l’extrémisme au sein de la société russe. Ce programme vise à faire changer
les attitudes et les pratiques favorisant la discrimination sur la base de
la race ou de la religion des personnes.

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