« Fermeture » des frontières maritimes de l’UE

En fermant ses frontières maritimes méridionales, l’Union européenne (UE) exposerait des milliers de réfugiés et de migrants quittant la Libye par la mer au risque d’être détenus et de subir de graves atteintes aux droits humains, a déclaré Amnesty International alors que les dirigeants européens doivent se rencontrer à Malte vendredi 3 février pour définir un plan UE-Libye en matière de migration. Ce projet a été initialement proposé à la fin du mois de janvier par la Commission européenne pour « gérer la migration » le long de la route de la Méditerranée centrale.

Dans la pratique, les opérations navales de l’UE (Sophia et Triton) délégueraient les activités de recherche et de sauvetage des réfugiés et des migrants en communiquant aux garde-côtes libyens la position géographique des embarcations, facilitant ainsi leur interception et leur renvoi en Libye.

« En proposant de retirer ses opérations navales des activités de recherche et de sauvetage et d’encourager les garde-côtes libyens – en les finançant indirectement – à prendre le relais, l’UE dissimule à peine son souhait d’empêcher les réfugiés et les migrants de rejoindre l’Europe. Des dizaines de milliers de personnes se retrouveront alors bloquées dans un pays ravagé par le conflit, exposées au risque d’être torturées et exploitées. Il ne s’agit là que de la manifestation la plus récente, mais peut-être la plus honteuse, de la politique des dirigeants européens qui tournent le dos aux réfugiés », a déclaré Iverna McGowan, directrice du Bureau d’Amnesty International auprès des institutions européennes.

Des dizaines de milliers de personnes se retrouveront alors bloquées dans un pays ravagé par le conflit, exposées au risque d’être torturées et exploitées

Selon toute probabilité, les personnes interceptées par les garde-côtes libyens seront reconduites dans des centres de détention en Libye. Amnesty International a recueilli des informations sur la détention arbitraire, pour une durée indéterminée, de migrants et de réfugiés dans ces centres, ainsi que sur les conditions inhumaines qui y règnent et sur d’autres graves violations des droits humains, dont des actes de torture et des viols. Une note interne du gouvernement allemand, qui a été divulguée par les médias au cours de la semaine, contenait des renseignements similaires sur les conditions de détention en Libye. On ne trouve pas non plus dans la proposition de l’UE de référence à un mécanisme de responsabilisation ou à d’autres garanties de sorte que l’UE n’alimente pas directement de graves atteintes aux droits fondamentaux dans le cadre de cette coopération avec la Libye.

« Au vu de la gravité de la situation en Libye et des souffrances endurées là-bas par les réfugiés et les migrants, il est vraiment ahurissant de voir qu’une telle proposition fasse même l’objet de discussions. L’absence de mesures concrètes de réinstallation ou de protection pour ces personnes qui sont prises au piège dans un pays où le non-droit est quasiment la règle est révélateur des mauvaises intentions qui sous-tendent cette proposition cynique », a déclaré Iverna McGowan.

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