Les autorités fidjiennes doivent mettre fin au harcèlement ciblant les journalistes à l’approche des élections législatives prévues en septembre, a déclaré Amnesty International.
Mercredi 25 juin, un organe du gouvernement, l’Autorité de développement de l’industrie des médias de Fidji, a demandé qu’une enquête soit ouverte sur deux professeurs de journalisme de l’Université du Pacifique Sud, à Fidji, au motif qu’ils ont commenté la reconnaissance par l’armée du recours à la torture.
« Il s’agit du dernier acte d’intimidation visant des journalistes. On constate à Fidji une pratique inquiétante mise en œuvre par les autorités, qui s’efforcent de réduire au silence les journalistes à l’approche des élections en septembre », a déclaré Michael Hayworth, coordonnateur de la campagne sur les situations de crise pour Amnesty International Australie.
« Les attaques visant les médias comptent parmi les plus graves violations du droit à la liberté d’expression, particulièrement à l’approche d’élections. Les médias doivent pouvoir publier librement les informations concernant le scrutin, notamment les critiques visant le gouvernement et les candidats, sans craindre des représailles. »
Le droit à la liberté d’expression demeure fortement restreint à Fidji par des lois et des réglementations qui prévoient de lourdes sanctions, y compris des peines d’emprisonnement, pour les personnes qui l’exercent. De récents décrets, tels que le Décret d’amendement relatif à l’ordre public de 2012, le Décret relatif aux crimes de 2009, le Décret relatif au développement de l’industrie des médias de 2010 et la nouvelle Constitution promulguée en septembre 2013, musèlent la liberté de parole, et notamment le travail des médias.
Amnesty International a recensé des arrestations, des détentions arbitraires et de lourdes amendes infligées notamment à des journalistes, parce qu’ils ont exercé leur droit à la liberté d’expression dans le cadre de leur travail en tant que reporters.
« Les restrictions, alliées aux arrestations et à la pratique qui consiste à infliger de lourdes amendes pour avoir enfreint ces réglementations, ont un effet dévastateur et musèlent le débat public sur des questions clés d’intérêt national », a déclaré Michael Hayworth.
Amnesty International demande aux autorités de Fidji de lever les restrictions visant les médias et de garantir que les journalistes ne soient pas poursuivis en justice, intimidés ni harcelés parce qu’ils font leur travail de manière légitime et publient des opinions diverses.
La semaine dernière, dans un article publié dans The Age, un journal australien, le brigadier-général Tikoitoga aurait reconnu des actes de torture commis par l’armée depuis le coup d’État de 2006, tout en affirmant que ces agissements étaient nécessaires au maintien de l’ordre civil.
« Au lieu de persécuter des journalistes, le gouvernement fidjien devrait s’attacher à enquêter sur les cas de torture, que l’armée a désormais reconnus publiquement », a déclaré Michael Hayworth