La FIFA doit garantir la protection des droits humains pour les Coupes du monde de football masculin de 2030 et 2034

La FIFA doit garantir des engagements clairs et contraignants visant à améliorer les droits humains dans les pays susceptibles d’accueillir les Coupes du monde de football masculin de 2030 et 2034 afin de prévenir d’éventuelles graves atteintes liées à son événement phare, a déclaré la Sport & Rights Alliance le 31 octobre 2023.

Cette mise en garde de la Sport & Rights Alliance intervient alors que l’Arabie saoudite est la seule candidate à l’organisation de l’événement en 2034 peu avant la clôture du délai ce soir à minuit, et que la candidature conjointe du Maroc, du Portugal et de l’Espagne est la seule envisagée pour 2030. La coalition d’organisations de défense des droits humains et de lutte contre la corruption, de syndicats, d’associations de supporters, d’associations de défense des athlètes victimes et de syndicats de joueurs estime que l’absence de concurrence concernant l’accueil des tournois risque de saper l’influence de la FIFA, et qu’il est donc crucial que l’instance dirigeante du football mondial prenne les devants et obtienne des garanties contraignantes en termes de droits humains de la part des candidats.

« Avec une seule candidature pour chaque tournoi sur la table, la FIFA a sans doute marqué contre son camp. Elle doit désormais expliquer clairement ce qu’elle attend des hôtes afin qu’ils respectent sa politique en matière de droits humains. Elle doit aussi se préparer à mettre fin au processus d’appel d’offres si de graves atteintes ne sont pas traitées de manière crédible, a déclaré Steve Cockburn, directeur du programme Justice économique et sociale d’Amnesty International.

« La FIFA a plus de chances d’obtenir des garanties contraignantes pour protéger les droits des travailleuses et des travailleurs, garantir la liberté d’expression et prévenir les discriminations en lien avec la Coupe du monde pendant le processus de sélection de l’hôte – et non pas une fois que le choix est fait et que les préparatifs ont débuté. Il faut s’entendre sur des engagements relatifs aux droits humains avec les hôtes potentiels avant de prendre les décisions finales sur l’attribution du tournoi. »

Le processus d’appel d’offres pour la Coupe du monde de 2030 devait officiellement démarrer lors d’une réunion du Conseil de la FIFA en juin [1], mais il a été repoussé afin d’« assurer une consultation supplémentaire avec tous les acteurs clés ».

Surprise, le 4 octobre, le Conseil de la FIFA a annoncé [2] que la seule candidature à être examinée pour la Coupe du monde de 2030 était celle du Maroc, du Portugal et de l’Espagne – un nombre réduit de matchs devant être joués en Argentine, au Paraguay et en Uruguay, qui avaient auparavant annoncé leur intention de se porter candidats pour accueillir la totalité du tournoi.

Lors de cette même réunion d’octobre, la FIFA a annoncé de manière inattendue que le processus d’appel d’offres pour la Coupe du monde de 2034 débuterait immédiatement, et que seules les candidatures d’Asie et d’Océanie seraient prises en compte. Les candidats potentiels disposaient d’un court délai de 27 jours pour
déclarer leur intention, et seule l’Arabie saoudite a donné suite.

« Compte tenu de l’ampleur de la Coupe du monde, toutes les candidatures à l’organisation de ce tournoi présentent des risques importants en matière de droits humains, ainsi que des opportunités de changement à ne pas manquer, a déclaré Minky Worden, directrice des Initiatives mondiales au sein de Human Rights Watch. La Politique des droits de l’homme de la FIFA ne doit pas rester lettre morte lorsqu’il s’agit de sélectionner l’hôte de l’événement sportif le plus regardé au monde. »

« Le fait que la FIFA n’ait pas insisté en 2010 sur la protection des droits humains lorsqu’elle a attribué la Coupe du monde 2022 au Qatar explique en grande partie pourquoi des réformes majeures ont tant tardé, et ont été si faiblement mises en œuvre et appliquées »

D’après un sondage réalisé auprès de plus de 17 000 adultes dans 15 pays publié par Amnesty International au mois de juin, une majorité de supporters souhaitent que les normes relatives aux droits humains soient une considération essentielle lors de la sélection de l’hôte d’un grand événement sportif tel que la Coupe du monde.

« Le fait que la FIFA n’ait pas insisté en 2010 sur la protection des droits humains lorsqu’elle a attribué la Coupe du monde 2022 au Qatar explique en grande partie pourquoi des réformes majeures ont tant tardé, et ont été si faiblement mises en œuvre et appliquées, a déclaré Ronan Evain, directeur exécutif de Football Supporters Europe. La FIFA doit en tirer sérieusement les leçons, en vertu de ses propres règles en matière de droits humains, et agir avec fermeté. Ce serait un premier pas pour sauver les réputations déjà ternies des Coupes du monde 2030 et 2034 auprès des supporters. »

D’après les directives publiées par la FIFA [3], tout pays candidat à l’organisation des Coupes du monde 2030 ou 2034 doit s’engager à « respecter les droits de l’homme internationalement reconnus » et faire en sorte que « les normes relatives aux droits humains et au droit du travail soient appliquées par les associations membres candidates, les gouvernements et les autres entités impliquées dans l’organisation des compétitions ».

Dans le cadre de leur demande officielle, les pays doivent réaliser et publier une évaluation indépendante des risques en matière de droits humains et soumettre un plan décrivant les mesures prévues pour remédier aux principaux risques identifiés – violations des droits des travailleurs, expulsions forcées, discriminations, restrictions à la liberté d’expression ou corruption notamment.

Il est essentiel que la FIFA s’assure que ces évaluations soient véritablement indépendantes. Par le passé, les associations de football candidates ont pu désigner les personnes chargées de les réaliser, ouvrant ainsi la voie à de possibles partis pris ou abus.

Si la FIFA devait appliquer pleinement sa propre politique, les candidatures évaluées comme présentant un « risque élevé » pourraient en théorie être rejetées, ou des plans de mesures correctives pourraient être adoptés. Quoi qu’il en soit, la FIFA doit assurer un dialogue continu avec la Sport & Rights Alliance afin d’identifier les risques et les moyens de les éviter et de les surmonter.

Les partenaires de la Sport & Rights Alliance sont Amnesty International, l’Armée des survivants, le Comité pour la protection des journalistes, Football Supporters Europe, Human Rights Watch, l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (ILGA World), la Confédération syndicale internationale (CSI), la World Players Association et UNI Global Union. En tant que coalition mondiale d’ONG et de syndicats de premier plan, la Sport & Rights Alliance œuvre pour s’assurer que les organismes sportifs, les gouvernements et les autres parties prenantes concernées permettent l’émergence d’un monde du sport qui protège, respecte et applique les normes internationales en matière de droits humains, de droits du travail, de bien-être et de protection de l’enfance, et de lutte contre la corruption.

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