« Loan Torondel n’a rien fait de mal et sa condamnation pour diffamation doit être annulée. Les poursuites engagées à son encontre montrent la manière dont des défenseurs des droits humains qui s’efforcent de venir en aide à des personnes en quête de sécurité en Europe sont harcelés et pris pour cibles par le biais du système judiciaire pénal, simplement parce qu’ils agissent avec humanité et compassion, a déclaré Katia Roux, responsable du travail de plaidoyer sur les défenseurs des droits humains à Amnesty International France.
« Si sa condamnation est confirmée, cela établira un dangereux précédent pour toute personne qui s’efforce de dénoncer les violences policières en France. Cela aura également un effet dissuasif sur le travail de ceux qui défendent les droits des migrants et des réfugiés, les laissant dans une situation encore plus précaire.
« Les lois relatives à la diffamation qui entravent les critiques légitimes à l’égard des représentants des pouvoirs publics vont à l’encontre du droit à la liberté d’expression et il convient de les abroger. Les autorités doivent cesser de harceler les défenseurs des droits humains par le biais du système judiciaire. »
Complément d’information
Le procès se déroulera le 27 mai, à 14 heures, devant la cour d’appel de Douai.
Loan Torondel a été déclaré coupable de diffamation après avoir posté sur Twitter, en janvier 2018, un tweet qui contenait une photographie prise alors qu’il suivait la situation humanitaire des migrants et des réfugiés dans le cadre de son travail pour une association basée à Calais, L’Auberge des Migrants. Sur cette photographie, on peut voir deux policiers français se tenant debout devant un homme, selon toute vraisemblance un migrant, assis sur son sac de couchage. La légende suggère que les policiers sont sur le point de lui enlever sa couverture, malgré le froid.
Amnesty International s’oppose aux lois qui rendent passible de sanctions pénales la diffamation de personnalités publiques ou de particuliers, car elle estime que ces affaires doivent relever du droit civil.
Elle a eu connaissance de nombreuses informations faisant état de comportements violents des forces de police à l’égard des réfugiés et des migrants, et de ceux qui défendent leurs droits dans la région de Calais.