Gambie. 40 arrestations arbitraires après une manifestation pacifique

Il faut que les autorités gambiennes libèrent les manifestants pacifiques et les habitants, dont un septuagénaire, qui ont été arrêtés et placés en détention de façon arbitraire la semaine du 23 novembre, a déclaré Amnesty International lundi 30 novembre.

Au moins 40 personnes ont été interpellées par la police pendant et après une manifestation à laquelle ont participé des jeunes et des habitants le 22 novembre 2015 dans la ville de Kartong. Ce rassemblement contre l’extraction de sable dans la région s’est déroulé de manière globalement pacifique. Cependant, des témoins ont indiqué que la situation entre certains manifestants et les forces de sécurité avait semblé tendue par moments.

« Il est inacceptable que les manifestants soient victimes d’une répression généralisée. Les droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique ne doivent pas être restreints indument parce que certaines personnes auraient commis des actes illégaux, a déclaré Sabrina Mahtani, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

« La police doit s’abstenir de procéder à des arrestations arbitraires et les accusations pénales doivent reposer sur des éléments de preuve sans équivoque. »

Des représentants d’Amnesty International se sont entretenus avec des habitants et des témoins, selon lesquels la police s’est livrée à des interpellations systématiques. Les personnes arrêtées n’ont fait que manifester pacifiquement pour certaines, et d’autres n’ont même pas pris part au rassemblement. Parmi elles figurent un septuagénaire qui est, semble-t-il, en mauvaise santé. En outre, la police a interpellé des membres de la famille d’au moins un militant alors que ceux-ci n’avaient pas participé au rassemblement.

Selon des témoins, la police a recouru à une force excessive lors des arrestations et plusieurs personnes ont été blessées.

Le 24 novembre, 33 des personnes interpellées ont été inculpées de conspiration, de troubles à l’ordre public, d’émeute, de coups et blessures volontaires et d’entrave séditieuse à un véhicule. Elles n’ont pas été libérées sous caution et sont détenues dans l’attente de leur procès à la prison de Mile 2, la plus grande du pays. Elles n’ont pas été autorisées à recevoir des visites de leur famille.

Des représentants d’Amnesty International se sont entretenus avec un militant local et un habitant qui craignent de nouvelles arrestations et des représailles contre les militants qui ont signalé les effets néfastes de l’extraction de sable sur l’environnement et la population.

L’organisation appelle les autorités gambiennes à libérer immédiatement et sans condition les personnes détenues de manière arbitraire ou uniquement pour avoir participé à une manifestation pacifique.

En outre, les pouvoirs publics doivent se pencher sans délai sur les préoccupations exprimées par les habitants quant aux effets négatifs de l’extraction de sable et prendre des mesures afin que les droits humains soient respectés et protégés dans le contexte des activités minières.

« Les personnes arrêtées et détenues pour une infraction pénale doivent être jugées équitablement et leurs droits doivent être respectés en détention. Il s’agit notamment de la possibilité de consulter un avocat, de recevoir des visites de leur famille et de bénéficier de soins médicaux, ainsi que de contester leur détention provisoire, a déclaré Sabrina Mahtani.

« Toutes les charges doivent être proportionnées et personne ne doit être inculpé d’infractions plus graves pour avoir pris part à une manifestation. »

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