Communiqué de presse

Gambie. Des soldats condamnés à mort à l’issue d’un procès secret ne doivent pas être exécutés

Les condamnations à la peine capitale prononcées contre des soldats accusés d’avoir participé à la tentative de coup d’État de décembre dernier en Gambie sont une atteinte cruelle au droit à la vie et au droit à un procès équitable, a déclaré Amnesty International mercredi 1er avril.

Un tribunal militaire a condamné trois soldats à mort et trois autres à la réclusion à perpétuité à l’issue d’un procès ayant eu lieu lundi 30 mars 2015. Le procès s’est déroulé en secret ; les médias et des observateurs indépendants se sont vu interdire d’y assister.

« Le système gambien de justice présente de graves déficiences et l’équité de ce procès nous inspire des doutes étant donné qu’il s’est tenu en secret », a déclaré Stephen Cockburn, directeur adjoint du programme Afrique centrale et Afrique de l’Ouest d’Amnesty International.

« Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception. La peine de mort est une violation du droit à la vie et le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. De nombreux pays d’Afrique de l’Ouest abandonnent la peine de mort et il est décevant que la Gambie ne suive pas cette tendance. »

Selon certaines informations provenant du pays, il est possible que les soldats aient été déclarés coupables de trahison, de conspiration, de mutinerie et d’aide à l’ennemi. Les dernières exécutions en Gambie remontent à 2012, lorsque neuf prisonniers (huit hommes et une femme) ont été fusillés par un peloton d’exécution.

En septembre 2012, le président Yayha Jammeh avait annoncé l’instauration d’un moratoire « conditionnel » sur les exécutions, qui serait « automatiquement levé » si le taux de criminalité augmentait. En mars 2015, à l’occasion d’une évaluation menée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, la Gambie a rejeté des recommandations l’invitant à mettre en place un moratoire sur les exécutions et à abolir la peine de mort.

Les condamnations à mort prononcées lundi 30 mars sont les dernières d’une série de mesures régressives adoptées par les autorités gambiennes en relation avec les droits humains. En janvier, au moins 30 proches de personnes accusées d’avoir pris part à la tentative de coup d’État ont été incarcérés sans inculpation, et privés de la possibilité de s’entretenir avec des avocats et avec leur famille. Beaucoup ont été remis en liberté depuis lors, mais un certain nombre sont toujours détenus au secret trois mois plus tard. En novembre 2014, des représentants des Nations unies enquêtant sur des allégations de torture ont été empêchés de se rendre dans la principale prison du pays.

Amnesty International demande que les condamnations à mort soient commuées en peines d’emprisonnement, en attendant l’ouverture d’un nouveau procès respectant les normes internationales d’équité en la matière sans que la peine de mort ne puisse être requise.

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