La résolution de l’ONU sur l’Afghanistan ne répond pas à la crise des droits humains

La résolution sur l’Afghanistan adoptée mercredi 9 octobre lors de la 57e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, qui a prolongé le mandat vital du rapporteur spécial des Nations unies sur l’Afghanistan mais qui, une fois de plus, n’a pas mis en place de mécanisme international indépendant d’obligation de rendre des comptes pour ce pays, a fait réagir.

« Le Conseil des droits de l’homme s’est une nouvelle fois abstenu de soutenir suffisamment la justice pour le peuple afghan, qui a placé ses espoirs dans la communauté internationale. Si la résolution du Conseil des droits de l’homme des Nations unies reconnaît la nécessité d’enquêter, ainsi que de recueillir, de préserver et d’analyser les preuves de crimes de droit international et d’autres violations graves des droits humains en Afghanistan, elle ne va pas jusqu’à établir de mécanisme international indépendant d’obligation de rendre des comptes qui soit en mesure de remplir ces fonctions, a déclaré Smriti Singh, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Asie du Sud

« Le Conseil des droits de l’homme a une fois de plus laissé passer l’occasion d’apporter une réponse adéquate, de faire progresser l’obligation de rendre des comptes et la justice, et d’empêcher de nouvelles violations des droits humains, tandis que les talibans continuent d’intensifier et d’aggraver leur répression contre les droits du peuple afghan, notamment en imposant des restrictions draconiennes et de grande ampleur aux droits des femmes et des jeunes filles. Un mécanisme international indépendant de responsabilisation, apte à identifier des auteurs, à enquêter, et à recueillir et conserver les éléments de preuve, est essentiel afin de répondre aux violations passées et actuelles, ainsi qu’à l’impunité généralisée qui règne depuis plus de 40 ans et qui perdure à ce jour.

« Les lacunes de cette résolution sont également une déception pour des militant·e·s courageux tels que les défenseures des droits des femmes, les journalistes et d’autres personnes poursuivant leur action face à la répression en prenant des risques personnels considérables. Malgré ces faiblesses, la résolution sur l’Afghanistan reconnaît les principes énoncés dans le bilan portant sur les modes et les processus de responsabilisation dressé par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.

« C’est le plus grand pas franchi à ce jour par le Conseil des droits de l’homme vers la reconnaissance de l’importance d’une approche globale de l’établissement des responsabilités pour les violations passées et en cours. Il est impératif que les États membres des Nations unies s’appuient sur cette reconnaissance de la nécessité de recueillir et de conserver les preuves des violations des droits humains pour mettre en place, dans les plus brefs délais, un mécanisme international indépendant d’obligation de rendre des comptes. »

Complément d’information

Le document [1] du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) faisant le point sur les modes et processus de responsabilisation, mandaté par la résolution sur l’Afghanistan de l’année dernière, a été une tentative inadaptée du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour répondre aux appels croissants de la société civile [2] et des victimes en faveur de mesures plus fortes visant à soutenir l’obligation de rendre des comptes pour les crimes relevant du droit international et d’autres violations graves. C’est cela dit la première fois depuis des années que les Nations unies débattent de la manière de combler de graves lacunes en matière de responsabilisation. Le rapport du HCDH qui en résulte souligne la nécessité d’une démarche globale afin de traiter efficacement la question de la responsabilité en Afghanistan, et que cela « devrait englober toutes les différentes périodes du conflit et les responsabilités de toutes les parties et de tous les auteurs. »

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